Initiée en décembre 2022, une convention citoyenne, réunissant 173 citoyens tirés au sort, devra remettre son avis le 23 mars prochain quant à la possibilité de faire évoluer le cadre légal en termes de soins palliatifs. La Société Française d’Accompagnement et de Soins Palliatifs (SFAP), très impliquée dans le débat, tient à rappeler le rôle primordial des psychologues en soins palliatifs.
« Le cadre d'accompagnement de la fin de vie est-il adapté aux différentes situations rencontrées ou d’éventuels changements devraient-ils être introduits ? » C’est derrière cette question posée aux citoyens tirés au sort – question de prime abord simple – qu’une véritable boîte de Pandore s’est ouverte au sein de la société française, multipliant articles de presse, témoignages et réactions plus ou moins rationnelles, plus ou moins éclairées. La thématique de la mort étant, par essence, sujette au questionnement, la SFAP a lancé une campagne visant à mettre en lumière la réalité des soins palliatifs, notamment en donnant la parole à des psychologues qui exercent en soins palliatifs : « Dans ce contexte, alors que la détresse psychique s’annonce parfois comme "réfractaire", les psychologues exerçant en soins palliatifs souhaitent témoigner pour éclairer le débat et informer le grand public sur la détresse psychique en fin de vie ; l’ambivalence entre l’envie de vivre et la demande de mourir ; la culpabilité du mourant face à ses proches ; l’inégalité d’accès aux soins psychiques », a écrit l'association dans un communiqué.
L'implication des soignants
L'évolution de la loi en direction du suicide assisté ou de l’euthanasie pose également question sur plusieurs points quant à l'implication des psychologues selon la SFAP : « Les traces traumatiques d’injections de cocktail lytiques, la culpabilité inhérente au passage à l’acte quand bien même le patient est demandeur, le risque d’appauvrissement de la créativité soignante ».
La SFAP a publié il y a quelques jours un livret de proposition intitulé Fin de vie, la voie française du développement, qui comporte trois volets :
- des soins palliatifs partout en France : accompagner les patients sur les territoires
- déployer les soins palliatifs dans chaque lieu de vie
- développer les formations et soutenir les acteurs de soins palliatifs.
Dans ce livret, Claire Fourcade, présidente de la SFAP, rappelle : « Accompagner la vie jusqu'à la fin, c'est notre mission, c'est le coeur de la vocation des soignants, et c'est aussi un droit : l'accès universel aux soins palliatifs est promis dans la loi depuis 1999. Un droit reconnu mais trop peu appliqué puisque 2/3 des personnes qui en auraient besoin n'en bénéficient pas. »
L'association a ainsi établi « six propositions concrètes et innovantes pour développer les soins palliatifs en France », parmi lesquelles figurent :
- La mise en place d’un dispositif territorial de soins palliatifs, c’est-à-dire d’un mode de construction et de développement de l’offre en soins palliatifs qui soit adapté à chaque territoire, et non uniforme et descendant.
- La priorisation des soins palliatifs dans les contrats d’objectifs et de moyens (CPOM) des établissements sanitaires et médico-sociaux
- Favoriser l’implication des libéraux dans l’accompagnement palliatif pour développer la prise en charge à domicile, et systématiser le suivi dans les EHPAD.
- La création de nouveaux lieux de vie pour les personnes dans l’incapacité de rester à domicile mais qui ne nécessitent pas une hospitalisation : les maisons ou appartements coordonnées de soins palliatifs
- La création d’un master IPA (Infirmier en pratique avancée) mention soins palliatifs, pour démultiplier le nombre d’intervenants spécialisés en soins palliatifs
- La mise en place d’un programme ambitieux de formation initiale et continue en soins palliatifs pour les médecins généralistes, ainsi que l’identification de médecins généralistes référents sur un territoire donné.
Rappelons enfin qu'un groupe de réflexion mené par l’académicien Erik Orsenna a été chargé de « concevoir un lexique des mots de la fin de vie ».
« Aujourd’hui, plus que jamais, les psychologues se tiennent présents, au sein des unités de soins palliatifs, où ils ont, plus que jamais, un rôle à jouer », conclut l'association.