L'addiction à l'alcool reste difficile à soigner

Actualités professionnelles le 14 avril 2025

 

Même si son utilisation au quotidien diminue depuis trente ans, l'alcool, facile d'accès et accepté socialement, reste la drogue la plus consommée en France. L'addiction est encore dure à reconnaître et à traiter, bien que les méthodes évoluent.

 

L'alcool est la drogue la plus consommée en France. Entre 11 et 75 ans, une personne sur trois dépasse les deux verres standard par jour. La consommation excessive d'alcool entraîne plus de 500 000 séjours d'hospitalisation par an, selon le dernier rapport de l'Observatoire français des drogues et des tendances addictives (OFDT). Si le nombre de verres quotidiens a été divisé par trois en trente ans selon Santé publique France, et que son utilisation s'effondre chez les plus jeunes, cette addiction reste très difficile à soigner.

Dans le rapport, 33 personnes s'attribuant « un problème avec l'alcool » témoignent. Découvert en famille ou expérimenté entre amis, l'alcool est perçu comme une habitude sociale ou un « pansement » face à l'existence - pour soigner des blessures, combattre l'ennui ou décupler le plaisir. Puis la boisson se met à dominer les autres aspects de la vie, professionnels, familiaux, affectifs. Pour Julie, 43 ans, « Il y avait une espèce de répétition morbide à boire. Je savais très bien que je me détruisais et plus je me le disais, plus ça m’angoissait et plus je buvais. » Pour Georges, 50 ans, « Il y a la mort à la fin de cela. Il y a la mort physique, mais aussi la mort de soi. C’est pour cela que je suis venu à l’hôpital. »

 

Une multitude de prises en charge pour une multitude de problématiques

L'usage du terme "maladie chronique" ou "maladie alcoolique", aide à déculpabiliser et à admettre un besoin de prise en charge, qui oscillera entre « des séquences d’arrêt prolongé et/ou d’usage contrôlé de plusieurs années, entrecoupées de périodes de rechute, plus ou moins sévères. » Les interviewés attribuent une triple origine à leur trouble lié à l’alcool : biologique/génétique, traumatique et émotionnelle. En contact avec des structures diversifiées et complémentaires, ils estiment le médecin traitant et les Centres de soin, d'accompagnement et de prévention en addictologie (CSAPA) centraux dans leur prise en charge, qui peut aussi nécessiter un séjour intensif à l'hôpital. Dans les CSAPA, les psychologues, travailleurs sociaux, psychiatres, addictologues, ou infirmiers, développent un travail centré sur les motifs d’usage et les modalités de gestion des situations à risque. Même si « on ne guérit jamais totalement d'une addiction » selon Pierluigi Graziani.

Le psychologue et professeur du Master psychologie de Nîmes, note que paradoxalement, les produits qui étaient utilisés pour diminuer l'anxiété ou l'état dépressif finissent par procurer des effets inverses, rendant ainsi difficile l'accompagnement : « Les drogues comme le shit, la cocaïne, l'alcool, démotivent les personnes, elles n'ont plus de plaisir à vivre. Une autre chose qu'on voit, ce sont des patients atteints de TDAH et qui utilisent la cocaïne pour se calmer. » Ces auto-médications utilisées face à des troubles préexistants et non pris en charge nécessitent un accompagnement par plusieurs entrées. Si l'auteur de plusieurs livres à ce sujet a choisi de développer une approche basée sur les TCC, notamment la reconnexion avec ses valeurs, une multitude de possibilités thérapeutiques existent, par exemple l'approche psychodynamique.

 

Sophie Bourlet

Partage sur les réseaux sociaux

Abonnez-vous !

pour profiter du Journal des Psychologues où et quand vous voulez : abonnement à la revue + abonnement au site internet

Restez Connecté !

de l'actualité avec le Journal des Psychologues
en vous inscrivant à notre newsletter