Le 12 juin dernier, la revue Molecular Psychiatry publiait une étude menée par des chercheurs américains et tendant à démontrer l’efficacité rapide de l’utilisation de la Kétamine dans le traitement de la dépression sévère.
Substance utilisée à des fins anesthésiques chez l’humain comme chez l’animal, dont la découverte n’est pas récente puisqu’elle date des années 60, la Kétamine aurait un mode de fonctionnement différent des molécules traditionnellement utilisées pour leurs effets anti-dépresseurs. C’est ce mode de fonctionnement particulier, jouant sur la rapidité de migration des protéines G, qui jouerait un rôle prépondérant dans l’efficacité constatée de cette molécule. Les patients soumis à la Kétamine constateraient très rapidement une amélioration globale de leurs symptômes dépressifs sur une durée d’environ une semaine. Pour certains de ces patients, un traitement à l’aide d’anti-dépresseurs traditionnels se montrait par ailleurs inefficace.
Cette étude et ses éventuelles applications ont paru suffisantes à la Food and Drug Administration, équivalent américain de l’Agence nationale de sécurité des médicaments et des produits de santé (ANSM) en France, pour lancer une étude approfondie pouvant, en cas de conclusion positive, amener à une commercialisation de la Kétamine comme traitement de la dépression.
Si nous n’en sommes pas à ce point en France, un essai clinique est en cours, ainsi qu’un protocole de recherche mené par le laboratoire Janssen. Ces essais, exposés dans la rubrique santé d'un quotidien français semblent tout aussi positifs. Une efficacité de la Kétamine de l’ordre de 70 à 80% est mise en avant, avec pour 70% des patients un effet bénéfique constatée dés 24 heures après l’administration du produit. L’article cite également une étude de 2009 publiée par Biological Psychiatry et mettant en avant une diminution significative du risque suicidaire dés 40 minutes après la prise de Kétamine chez des patients résistants aux traitements.
La recherche de solutions alternatives par le détournement de substances connues connaît d’importantes évolutions ces temps-ci. En septembre dernier, nous évoquions ici même l’utilisation de MDMA en psychothérapie visant à améliorer le traitement des patients atteints de stress post-traumatique ainsi que les adultes autistes souffrant d’anxiété sociale. Cette évolution est certainement à prendre en compte et ne peut être que bénéfique. Cependant, il convient bien entendu de garder tout le recul nécessaire à la validation de tels essais. Notamment, en ce qui concerne la Kétamine, il sera indispensable de s’interroger et d’en étudier les effets, comme le risque de dépendance, ou ses conséquences sur les fonctions cognitives. Utilisée en dehors du cadre médical, cette substance est ainsi connue pour provoquer des troubles de la conscience, de la mémoire, du comportement et de la perception, par son effet sur le cortex préfrontal et l’hippocampe.
Benoit Catel.