L’exposition « la mesure de la vie mentale : les premiers instruments emblématiques de la psychologie de laboratoire » a lieu depuis le 27 juin dernier et jusqu’au 29 Septembre 2018 au musée d'Histoire de la médecine de l’université Paris Descartes.
Cet événement exhume les inventions les plus marquantes des débuts de la psychologie dite « de laboratoire » conservées dès lors à l’université au musée d’Histoire de la médecine et à l'Institut de psychologie.
Mis au point entre la fin du XIXème et le début du XXème siècle, les prestigieux outils trônent au milieu de la salle principale du musée, accompagnés de textes de présentation, et parfois de photos d’époque aussi rares que les objets auxquels elles se réfèrent. Tout autour, se répartissent sur deux étages les premiers appareils utilisés par différentes spécialités médicales comme l'ophtalmologie ou la chirurgie. Cela confère une atmosphère particulière au lieu : ce rapprochement géographique semble traduire les liens étroits noués dès le départ entre la médecine et la psychologie - qui partageaient parfois les mêmes outils, par exemple en physiologie - et qui perdurent encore aujourd'hui, notamment avec le développement des neurosciences.
Cette présentation a ainsi le mérite de retracer, au gré des illustrations, les débuts et les origines de la psychologie expérimentale. Le premier laboratoire au monde a vu le jour en Allemagne à l’université de Leipzig, puis en France, à la Sorbonne et au Collège de France, avec Alfred Binet et Henri Piéron. C’est donc logiquement que l’on retrouve, parmi les outils phares, l’appareil de suggestibilité motrice d’Alfred Binet (1901) destiné à apprécier la sensibilité motrice et le degré de suggestibilité d’un sujet. On découvre aussi le pendule à complication de Wundt (1880) visant à démontrer l’existence de limites cognitives dans le traitement de l’information sensorielle. On pourra aussi approcher le myo-esthésimètre tactile (Toulouse et Vaschide, 1904) ou encore le pendule à interstices (Wundt, 1893).
Tous ces outils témoignent à leur manière de la rigueur et de l’ingéniosité de leurs créateurs. Ils mettent aussi en lumière la place centrale des perceptions, des sensations, omniprésentes dans les recherches menées pour comprendre les ressorts du fonctionnement cognitif. Là encore, ce saut dans le passé peut avoir des aspects familiers : la sensorialité fait toujours l’objet de nombreuses recherches en psychologie et étayent de nombreuses prises en charge (packing, médiations thérapeutiques corporelles, etc.).
La psychologie expérimentale, considérée comme l’ancêtre de la psychologie cognitive et de la neuropsychologie, a un passé éminent qui nous est rappelé ici. Cet événement peut intéresser le psychologue en ce qu’elle permet également de revenir aux origines même de la création de la psychologie en tant que discipline à part entière.
Anabelle Danis.
Pour plus d'informations :
https://www.univ-paris5.fr/Actualite/La-mesure-de-la-vie-mentale
Musée d’histoire de la Médecine, 12 rue de l’école de Médecine, 75006 Paris
Prix d'entrée : 3,5€