Le Premier ministre a annoncé le 10 octobre 2025 vouloir faire de la santé mentale une grande cause nationale pour 2025. Les professionnels s’inquiètent du budget pour la psychiatrie et dénoncent une énième opération de communication.
À l'occasion de la Journée mondiale de la santé mentale, le 10 octobre 2024, le Premier ministre Michel Barnier a annoncé vouloir faire de la santé mentale une grande cause nationale pour 2025 : « Un Français sur cinq est touché par cet enjeu, et je voudrais que la première priorité de cette cause serve à déstigmatiser les maladies mentales. » Cette grande cause sera portée par la ministre de la Santé et de l’Accès aux soins, Geneviève Darrieussecq, et elle aura pour objectif de “déstigmatiser”, “développer le repérage précoce”, “améliorer l'accès au soin” et notamment doubler le nombre de maisons des adolescents - lieux polyvalents d’accueil - d’ici trois ans.
Face à ces annonces, les syndicats de psychologues sont toutefois sceptiques, alors que l’utilisation du terme “santé mentale” est jugé floue et n’incluant pas toute la réalité du métier. La Fédération française des psychologues et de psychologie (FFPP) regrette dans un communiqué l’absence complète de la psychiatrie dans les annonces. Elle aurait plutôt souhaité des mesures visant à « améliorer l’accès aux Centres médico-psychologiques ainsi que la gestion des soins non programmés et l’articulation avec les services d’urgence » et demande à rencontrer la ministre de la Santé. Le Syndicat national des psychologues (SNP) dénonce de son côté « une suite sans fin d’annonces, de Grenelles, d’Assises, de Conseil national de la refondation, sans aucun effet sur le terrain. »
Pas d’annonce budgétaire
Alors que le gouvernement prévoit des économies de 60 milliards d’euros, le Premier ministre reste vague quant au budget alloué à cette grande cause nationale. Il annonce cependant un appel à projets de 10 millions d'euros pour faire émerger « des technologies de santé numériques innovantes, comme la télésurveillance à domicile, ou des équipements connectés. » Une mauvaise allocation des moyens, selon le SNP qui dénonce « la consécration des start-ups dans le champ du soin psychique. » Antoine Pelissolo, chef du service de psychiatrie à l’hôpital Henri-Mondor de Créteil, avait réclamé l’instauration de cette cause dans une tribune parue dans le journal Le Monde en 2023. Il se réjouit de cette annonce, mais dans un entretien pour le journal La Croix, met en garde : « à quoi bon sensibiliser le grand public si, ensuite, on ne peut pas apporter de solutions à celles et ceux qui ont besoin d’aide ? »
Les labels “Grande cause nationale” existent depuis 1977 et permettent aux associations de bénéficier de diffusion gratuite de messages sur les radios et télévisions publiques. Censés permettre à une cause d’exister au niveau national, ils mettent en avant des enjeux tels que l'illettrisme, le cancer ou encore le sport en 2023. Si ces labels ne sont pas toujours suivis de mesures concrètes, ils permettent une visibilité dont se réjouit dans un communiqué la présidente de l’association de familles de patients UNAFAM, Emmanuelle Rémond.
Sophie Bourlet