Législatives 2024 : que proposent les candidats sur la santé mentale ?

Actualités professionnelles le 28 juin 2024

 

Alors que les élections législatives anticipées ont lieu ce dimanche 30 juin et le 7 juillet, les principaux partis finalisent leurs programmes en toute hâte. Quelles sont leurs principales propositions sur la santé et plus particulièrement pour la santé mentale ?

 

Les principaux partis finalisent leurs courts programmes à la va-vite : 12 pages pour celui du Rassemblement National (RN) et celui de la majorité présidentielle Ensemble, 24 pages pour le Nouveau Front Populaire (regroupant PS, PC, LFI, Écologistes), et une dizaine de points annoncés par Les Républicains dans une profession de foi médiatique.

 

Des propositions en santé qui divergent

Jordan Bardella, président du RN et candidat pour le poste de Premier ministre, affirme sa volonté de la préférence nationale de la protection sociale, en annonçant vouloir supprimer l’Aide Médicale d’Etat (AME), mesure qui permet aux étrangers en situation irrégulière de bénéficier d’un accès aux soins. Le parti d’extrême droite souhaite également « réduire le poids des services administratifs dans les hôpitaux » et supprimer les Agences régionales de Santé pour « débureaucratiser la santé. »

Le Nouveau Front Populaire (NFP) propose une grande loi autour de la santé « dans les 100 premiers jours » avec une conférence de sauvetage de l’hôpital public, la régulation des cliniques privées, la création d’un pôle public du médicament, et la revalorisation des métiers et salaires du soin et du médico-social. À l’école, ils souhaitent renforcer les moyens dédiés aux infirmières scolaires, médecins, accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH).

La majorité présidentielle Ensemble reste dans la continuité de son mandat et souhaite libérer du temps pour les médecins en augmentant les compétences des pharmaciens, infirmiers et sages-femmes. Le parti souhaite également mettre en place une mutuelle publique à 1 € - a priori différente de la CMU déjà existante - et mieux repérer les fraudes. Comme le RN, Ensemble souhaite une meilleure prise en charge de l’endométriose.

Pour combattre les déserts médicaux, Ensemble et RN souhaitent doubler le nombre de médecins en formation chaque année en supprimant le numérus clausus - en réalité déjà supprimé au profit du numéros apertus, fixé par les ARS, et décrié par la profession comme jouant peu sur la quantité d’étudiants effectivement diplômés. Le RN veut également supprimer l’impôt sur les revenus des médecins et des infirmiers retraités reprenant du service. Le NFP veut de son côté réguler l’installation des médecins dans les déserts médicaux et rétablir des permanences de soin des soignants libéraux dans les centres de santé.

 

Des volontés concernant la santé mentale et la psychiatrie

Les propositions autour de la santé mentale et de la psychiatrie avaient été étoffées dans les programmes des candidats à l’élection présidentielle de 2022. Le président Emmanuel Macron se félicitait d’avoir mis en place le remboursement de consultations chez les psychologues sur prescription médicale, et annonçait sans plus de précisions « des plans de détection et de prévention relatifs à la santé mentale. »

LFI souhaitait faire de la santé mentale une des priorités du quinquennat, notamment en ouvrant des lits en psychiatrie. Le parti souhaitait réformer la protection de l’enfance et augmenter le nombre de psychologues dans les universités. Fabien Roussel proposait pour le Parti Communiste un moratoire sur la fermeture des centres médico-psychologiques. Écologistes, Parti Socialiste, et LFI, proposaient de reconnaître le burn-out et la dépression comme maladies professionnelles. Les Républicains souhaitaient eux créer un « Institut national de la santé mentale ». Enfin, le Rassemblement National proposait d’empêcher les mineurs de moins de quinze ans de posséder des comptes sur les réseaux sociaux.

Si les syndicats des psychologues et des psychiatres n’ont pas communiqué sur le sujet, une tribune a été signée le 18 juin dans le journal Libération par un collectif de professionnels des soins psychiatriques - entre autres par Paul Machto, ex-Président de l’US et Hervé Bokobza, ex-Président de la FFP. En alertant sur la déliquescence en cours du système de santé publique et d’un « mouvement d’individualisation » qui appelle à « un repli sur soi, et rejet de l’autre », les signataires appellent à voter pour le Nouveau Front Populaire, « seul à même d’apporter des débuts de réponse à la destruction en cours du service public de psychiatrie, comme de tous les services publics.» C’est aussi la consigne d’une tribune menée par le Pr Antoine Pelissolo, chef de service de psychiatrie au CHU Henri-Mondor de Créteil pour Médiapart, signée par 3.600 professionnels de santé le 22 juin.

Sophie Bourlet

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