Plusieurs études, qu'elles soient terminées ou en cours, montrent que les antécédents d’anxiété ou de dépression augmentent le risque de développer des symptômes persistants de Covid long, soulignant l'impact des troubles mentaux sur les séquelles du virus.
Près de cinq ans après l’apparition du Covid-19, son impact sur la santé mentale est reconnu. Hausse de l’anxiété, dépression, stress et problèmes de sommeil ont été observés pendant et après les confinements.
Certaines populations vulnérables souffrent encore de séquelles neuropsychiatriques au-delà de 12 semaines après l’infection. Une enquête du réseau Immuno-Neuropsychiatry dirigé par le Pr Marion Leboyer, montre que les patients atteints de troubles psychiatriques ont un risque accru de complications graves et de rechutes par rapport aux patients souffrant de problèmes physiques.[1]
Le Covid long peut provoquer des troubles de l’humeur, du sommeil, des difficultés cognitives telles qu’un « brouillard mental », des problèmes respiratoires, des douleurs musculaires et une fatigue intense. Selon la psychiatre Livia de Picker, « la plupart des patients qui présentent des symptômes du Covid long ne sont pas rétablis après plus de sept mois, et souffrent de troubles persistants de la concentration et de la mémoire, ainsi que de grandes difficultés à accomplir les tâches du quotidien ».
Des recherches en cours
Dans le prolongement d’une étude menée en 2023, les chercheurs de la Fondation FondaMental ont observé que plus de 80% des patients hospitalisés lors de la première vague avaient été exposés au Covid-19. Ces recherches examinent les liens entre l’infection et l'aggravation de certains troubles psychiatriques, notamment par l’activation du rétrovirus HERV-W, qui pourrait aggraver des maladies comme la bipolarité ou la schizophrénie.
Les essais cliniques en cours pourraient déboucher sur des solutions thérapeutiques pour les personnes atteintes de Covid long, qui représente entre 10 à 20 % des personnes infectées, soit environ 2 millions en France et 65 millions dans le monde. Cependant, deux biais compliquent les études : les patients souffrant d’une maladie psychiatrique sont souvent exclus des recherches, et leur prise en charge somatique durant la pandémie a été insuffisante, ce qui a augmenté les comorbidités.
Alors que les liens entre Covid long et troubles psychiatriques en sont encore à leurs débuts, l’étude Covilev, lancée par le réseau Sentinelles, se penche sur l'impact de ces symptômes persistants sur la vie des patients. Parallèlement aux aspects médicaux, les retentissements sociaux et psychiques du Covid long mobilisent aujourd’hui divers acteurs, qu’ils s’agissent des professionnels du soin psychique comme les psychologues, d’associations ou d’institutions. Les recherches en cours offrent des perspectives prometteuses, mais il reste de nombreux points à approfondir pour mieux appréhender cette problématique complexe et proposer des réponses thérapeutiques adaptées.
Guillaume Bouvy
[1] Voir aussi l’étude « Immuno-psychiatrie et pandémie de SARS-CoV-2 : liens et possibles conséquences », 2021, in Encéphale.