Actualités professionnelles le 12 octobre 2023
Créées en 2011 à Reims, les Semaines de la folie ordinaire sont aussi organisées en Île-de-France depuis huit ans, par des collectifs mêlant soignants et patients. Elles s’invitent du 13 au 15 octobre à la Parole errante à Montreuil, pour échanger autour des troubles psychiques et de leur prise en charge par la société et les institutions. Avec toujours cette question centrale : comment soigner à la fois les espaces, les liens et les êtres ?
On prend le train en marche : les Semaines de la folie ordinaire (SDLFO) ont commencé le 22 septembre, avec une projection, une exposition, un débat sur l’Aide médicale d’État, un ciné-concert, une lecture publique… Mais le point d’orgue de cette édition 2023 des SDLFO aura lieu le week-end du 13 au 15 octobre, à La Parole Errante, à Montreuil. Une performance autour de l’hystérie ouvrira le bal vendredi soir, juste après la présentation de l’événement et de l’exposition « Pinces à linge ».
Samedi en début d’après-midi, on pourra assister à une discussion intitulée « Pour une alliance internationale contre la stigmatisation » - comprendre la stigmatisation des troubles psychiques – animée et enregistrée par plusieurs radios associatives. S’en suivra une scène ouverte, où chacun pourra venir déclamer un poème, chanter, slamer… Après le dîner, quatre groupes de musique se succèderont, dont « Freud vit au Far West ». La journée de dimanche démarrera par un repas partagé, avant une autre discussion sur le thème « Quel demain pour nos lieux de soin ? » sur les luttes en cours dans les hôpitaux, en présence du collectif des hôpitaux de Saint-Maurice. A noter aussi, l’événement en aval de ce week-end : le jeudi 19 octobre, de 9h30 à 18h, la Maison des Sciences de l’Homme accueillera le colloque « Gisela Pankow. Être et faire », organisé par l’Unité transversale de recherche en psychogénèse et psychopathologie de l’université Paris-XIII.
Des Semaines de la folie ordinaire aux Nouveaux cahiers pour la folie : une constellation mouvante engagée pour une psychiatrie humaniste et anti-autoritaire
C’est le Collectif Artaud, rassemblant des soignants et des patients, qui a créé les Semaines de la folie ordinaire à Reims en 2011, en contrepoint des Semaines d’information sur la santé mentale. Les SDLFO s’appuient sur des valeurs d’hospitalité à la folie et la construction d'un réseau de lieux articulés autour de la pratique de la psychothérapie institutionnelle.
En mars 2015, le premier week-end de la Folie ordinaire a été organisé par l’association Utopsy à Paris. Cette année, les SDLFO se penchent notamment vers les mouvements passés qui ont lutté pour la réappropriation du soi, tels les Young Lords, avec l’idée qu’ils peuvent inspirer de nouvelles initiatives. Elles se préoccupent aussi toujours des conditions de travail et d’accueil actuelles dans le secteur de la santé mentale. L’objectif est également de raconter ce qui se fabrique dans les ces lieux de vie, comme les Groupes d’entraide mutuelle, certaines institutions et les espaces collectifs autogérés, avec lesquels des liens sont tissés par les acteurs et actrices des SDLFO année après année.
Au-delà de cet événement annuel, le collectif qui l’anime a aussi créé la revue Les nouveaux cahiers pour la folie en 2010, qui se présente comme un « pari sur l’utopie ». Dans la même perspective humaniste et anti-autoritaire qui préside aux SDLFO, les textes publiés dans la revue sont en effet autant produits par des personnes soignées en psychiatrie que des soignants, ou « tout un chacun qui se sent concerné à quelque titre que ce soit ».
Nina Hubinet