[actualité mise à jour le 22 avril 2024]
Mon soutien psy évolue, c’est en tout cas l’annonce faite par le Premier ministre, Gabriel Attal. Va-t-on vers une réelle concrétisation concernant notamment le coût des séances et l’accès direct au psychologue ? S’il semble que le gouvernement ait entendu un certain nombre de préoccupations des psychologues et des patients, les mesures ne suffisent pas pour autant à apaiser la profession.
Simplifier et valoriser le dispositif Mon Soutien Psy d’ici juin, c’est la promesse qu’a faite le Premier ministre Gabriel Attal ce dimanche 7 avril, Journée mondiale de la santé, en décrétant « l’état d’urgence concernant la santé mentale, notamment celle des jeunes. » Il a annoncé sa vision pour la réforme du dispositif : suppression de l’adressage par le médecin généraliste pour accéder au psychologue, prise en charge de la séance qui passe de 30 à 50 € par consultation et jusqu’à 12 séances de remboursées. Matignon veut aussi demander aux mutuelles complémentaires de couvrir en totalité le reste à charge (30 %).
Créé au printemps 2021 face à l’inflation des troubles psychiques notamment chez les jeunes, le dispositif Mon Soutien Psy devait permettre le remboursement de huit séances d’accompagnement psychologique par an, pour des troubles psychiques « légers à modérés. » Après deux ans d’existence, au 31 décembre 2023, 243 000 patients avaient bénéficié du dispositif, bien en dessous de « l’effet escompté » selon le Premier ministre. Il admet aussi que les psychologues « n’étaient pas assez rémunérés pour que ça marche ». Parmi les 20 000 professionnels répondant aux critères, seuls 2 500 psychologues s’étaient inscrits au dispositif.
Un suivi trop court, des troubles trop restreints, des consultations pas assez remboursées… Les organisations professionnelles avaient accueilli le dispositif avec scepticisme, voire avec une franche hostilité - plusieurs d'entre elles avaient appelé au boycott. Face à ces nouvelles annonces, les réactions restent mitigées. La FFPP, présente dans les instances de négociations depuis le début, salue un progrès tout en soutenant que le dispositif ne peut en rien « compenser les difficultés et carences du service public. »
Le Syndicat national des psychologues (SNP) avait en 2021 quitté la table des négociations et appelé au boycott en dénonçant une offre privée subventionnée « mais pas au service de tous. » Le SNP se réjouit aujourd’hui des effets du boycott mais reste inquiet d’un effet d’annonce et souhaite « une véritable concertation sur les modalités de prise en charge de la souffrance psychique, cohérentes pour le public et pour la profession. » De son côté, le collectif Manifeste Psy a réitéré dans un communiqué sa totale opposition au dispositif, en demandant que soit reconsidérée la place des psychologues dans le système de soins. Les membres du collectif alertent sur les dangers de l’externalisation de la santé au détriment de la santé publique et appellent leurs confrères à ne pas « tomber sous le charme » de ce qu’ils qualifient de « une nouvelle [...] stratégie marketing gouvernementale. »
Le 20 avril dernier, les membres de la Convergence des psychologues en lutte ont également exprimé leurs vives réserves concernant ce dispositif qui représente toujours « une étape [...] vers la paramédicalisation des psychologues qui travaillent dans le champ du soin. »
Les annonces restent floues quant au calendrier et sur une meilleure définition des troubles concernés. Alors que les lits en psychiatrie hospitalière se font rares et que certains CMP baissent définitivement le rideau, la profession attend avec circonspection les annonces complémentaires sur la santé mentale qui devraient être faites d’ici à la fin du printemps.
Sophie Bourlet