Le 25 mars dernier, une équipe de chercheurs espagnols relançaient un des plus grands débats de la neurologie, en affirmant que le cerveau humain produit encore des cellules nerveuses jusqu’à un âge avancé. L’occasion de faire le point sur les recherches les plus récentes et leurs possibles implications.
Selon Maria Llorens-Martin et son équipe de l’université de Madrid, le corps humain produirait des neurones jusqu’à 90 ans au moins. C’est ce qu’elle affirme dans son étude parue le 25 mars dans la revue Nature Medicine. L’étude porte sur 13 donneurs sains décédés peut de temps avant les observations, et âgés de 43 à 97 ans. Quel que soit l’âge de la personne donneuse, des neurones non matures sont détectés. L’étude tendrait à démontrer que l’âge jouerait sur le nombre de neurones produits, sans que cette production ne s’interrompe. C’est ainsi que chaque année, quelques 300 cellules de moins par millimètre cube sont produites.
Comme le résume l’article paru dans Futura Sciences, cette étude vient alimenter un débat ancien. Plusieurs chercheurs affirment que le cerveau ne produit plus de neurones passé un certain âge, alors que d’autres démontreraient le contraire. Pour se défendre des doutes émis par certains autres chercheurs, et notamment ceux ayant publiés leurs travaux en 2018 dans Nature, Maria Llorens-Martin évoque la méthode retenue, et notamment le temps passé entre le décès du donneur et l’observation comme ayant pu fausser les résultats.
Quoiqu’il en soit, là où cette nouvelle recherche ouvre une perspective nouvelle, c’est lorsque ces résultats font état de neurones « jeunes » y compris chez les patients atteints de la maladie d’Alzheimer. En effet, en plus des 13 échantillons étudiés, 45 autres l’ont étés, en provenance de personnes atteintes par la maladie. Même si leur nombre décroit dés l’apparition de la maladie de l’ordre de 30%, des neurones non matures sont bel et bien identifiés. De quoi apporter de nouvelles pistes de recherche sur la maladie d’Alzheimer, en abordant un point de vue diffèrent de celui généralement admis (dégénérescence neurofibrillaire amenée par l’accumulation de protéines Tau et de dépôts amyloïdes).
L’idée sous jacente à la présente étude, selon son auteur, serait « l’existence d’un processus indépendant du vieillissement physiologique amenant à un déclin du nombre de nouveaux neurones ».
Un débat qui n’est pas prêt de s’éteindre donc, mais dont sera intéressant de suivre les conséquences en terme de nouvelles pistes de recherche sur les maladies neuro-dégénératives.
Benoit Catel.