Stimulation du nerf vague : une étude suscite le débat

Actualités professionnelles le 18 octobre 2017

Ces dernières semaines, la publication d’une étude menée par des chercheurs lyonnais fait beaucoup parler d’elle. Retour sur une expérimentation qui, dans tous les cas, fera date dans l’histoire des neurosciences.

Cette expérimentation prenait pour sujet un homme âgé de 35 ans qui, à la suite d’un accident de la route lorsqu’il avait 20 ans, se trouvait dans un état non répondant. Il connaissait une alternance de périodes de veille et de sommeil, mais n’était pas en mesure d’interagir avec l’environnement, selon les chercheurs ayant conduit l’étude (voir article sciences et avenir).

Ces chercheurs ont alors élaboré un protocole visant à stimuler le nerf vague du patient sur une intensité croissante, avec des observations diverses (EEG, observation du comportement) courant sur 6 mois, soit avant et après le protocole de stimulation. Les chercheurs ont noté une modification significative de l’état du patient au bout d’un mois de stimulation. Les améliorations se situaient au niveau de la mobilité corporelle, de la poursuite de stimuli visuels et de l’attention soutenue. Le score à l’échelle CRS-R (évaluant le niveau de conscience), démontrait ainsi un passage de l’état végétatif à celui de conscience minimale.

Publiée le 25 Septembre dernier, cette expérimentation, en l’état, n’a pas manqué de faire réagir. Au delà de l’avancée scientifique qu’elle semblait alors démontrer, elle posait également un certain nombre de questions, notamment d’ordre éthique. La principale est celle du consentement du patient, qui n’a pas pu être recueilli dans ce cas. Mais d’autres se posent également, comme la prise en compte de la douleur qui n’a pas non plus pu être évaluée. Ces questions ont été cependant en partie éludées par le fait que quelques jours après la parution des premiers articles, l’information du décès du patient paraissait dans la presse. Le fait que ce décès soit survenu cet été sans qu’il en soit fait mention dans l’étude parue ultérieurement, a jeté le doute pour beaucoup d’observateurs sur la validité de l’expérimentation.

Les chercheurs affirment que ce décès n’a pas de lien avec l’expérimentation, et que la décision de ne pas communiquer à ce sujet a été prise car relevant de la sphère privée. Cela permet cependant de démontrer la nécessaire vigilance que doivent avoir les auteurs comme les lecteurs lorsqu’il est question d’expérimentations. Cela ne doit pas pour autant empêcher la discussion éthique de continuer, en ouvrant par exemple des réflexions sur un éventuel positionnement systématique des personnes majeures au sujet des expérimentations dont ils pourraient ou non faire l’objet.

Benoit Catel

Pour aller plus loin :

Etude complète publiée le 25 Septembre 2017, Current Biology :

http://www.cell.com/current-biology/fulltext/S0960-9822(17)30964-8

Article du 25 Septembre 2017, Sciences et Avenir :

https://www.sciencesetavenir.fr/sante/etat-vegetatif-ameliore-par-la-stimulation-du-nerf-vague_116606

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