« Au fil de soi 2012 » est une association portée par des psychologues cliniciens et des artistes-thérapeutes travaillant avec des personnes victimes de traumatisme crânien, accident vasculaire cérébral, tumeur cérébrale...
Pour la plupart, ces personnes cérébro-lésées ont été réanimées après un coma de plusieurs semaines. Présentant des handicaps multiples, physiques et cognitifs, elles ont été soignées, rééduquées, orientées, réadaptées, parfois même réinsérées.
Mais, souvent, elles ne se sont pas retrouvées elles-mêmes . « Quelque chose » de leur propre existence et de leur rapport aux autres continue à leur échapper, leur vie leur apparaît comme un livre dont on aurait retiré un chapitre essentiel.
En effet, l'amnésie du traumatisme initial, de la réanimation et parfois de la longue rééducation fait « trou » en elles, crée une absence irreprésentable et innommable. De plus, des séquelles peuvent atteindre leur autonomie physique ainsi qu'à des degrés divers, la mémoire, le langage, la pensée et l'action. Tout ceci peut produire chez ces blessés un sentiment d'étrangeté marqué par l'approche de la mort, (« Je suis un fantôme », « un mort-vivant », je suis quelqu'un d'autre »), une rupture d'identité, une difficulté plus ou moins grande à entrer en relation avec autrui et avec le monde.
A Paris, l'association « Au fil de soi 2012 » a donc le projet d'aider à retisser ces « fils de soi » que sont les liens de chacun avec son histoire, ses affects, sa vie psychique consciente et inconsciente, par un travail régulier et continu à travers les étapes successives du parcours de réinsertion.
Vu les handicaps, en particulier cognitifs, la demande de ces personnes est parfois mal définie et souvent portée par la famille. L'association propose donc des entretiens familiaux, ponctuels ou réguliers, ainsi que des supports d'expression variés : verbaux, comme dans la psychothérapie traditionnelle ou artistiques (actuellement, les arts plastiques et l'écriture.) Parole et médiation artistique visent les mêmes buts : transformer une absence, un manque, une perte en un contenu partageable et ainsi favoriser la symbolisation de l'expérience traumatique. Dans certains cas, (troubles de langage ou demande incertaine), la créativité artistique est plus adaptée aux difficultés de ce public par l'appui sur le corps, les traces visuelles et la contenance du cadre, individuel ou groupal. Mais la psychothérapie verbale pourra être aussi très bénéfique si elle peut se centrer sur la construction d'un « je », en proposant des liens, des hypothèses, des métaphores, voire des mythes ou des contes, en mettant en scène, parfois, son propre imaginaire en écho à celui du patient. Il s'agira de rendre vivant l'espace psychique du sujet qu'il croit mort ou anesthésié. Peu à peu, pourra naître le plaisir de penser ensemble, dans un climat chaleureux et sécurisant.
Pascale de POTTER
Contact : aufildesoi2012.org facebook.com/aufildesoi2012.org/