Vieillissement des fratries, un lien peu étudié

Actualités professionnelles le 11 février 2025

 

L’Association Rhône-Alpes de gérontologie psychanalytique (ARAGP) organise sa 37e journée de conférences sur le thème du vieillissement et des fratries. Un sujet peu pensé que l’association souhaite mettre en lumière.

 

La France compte 3 aînés supplémentaires toutes les 5 minutes, selon l’INED. « Vieillir enfant unique (qui ne croit pas, un jour, l’être ?), vieillir membre d’une fratrie, vieillir en jumeau. Perdre un ou des parents, retrouver ou perdre une sœur, un frère. » Autant de problématiques que vivent les frères et les sœurs qui vieillissent ensemble, bon gré mal gré. C’est le thème choisi pour la 37e journée d’étude de l’ARAGP, qui mettra cette année  en lumière l’évolution des liens au regard du vieillissement. Abel et Caïn, les enfants d’Œdipe et Jocaste, le Petit Poucet, les frères de la horde primitive (Freud) ou encore les demoiselles de Rochefort. De nombreuses figures « pas toujours réjouissantes » de la fratrie, souvent peu décrites dans le grand âge. 

« Nous avons fait le constat qu'il y avait très peu de travaux sur le vieillissement des fratries alors qu’en tant que professionnels, on rencontrait cette question assez régulièrement. » explique Jean-Marc Talpin, membre du bureau de l’association, créée il y a une quarantaine d’années. Les expériences cliniques sont nombreuses : des frères et sœurs qui se retrouvent dans le même EHPAD, des questions d’héritage qui réactivent des conflits, l’entrée en dépendance d’un parent… « Loin de l’idéalisation de la fratrie, on voit que le vieillissement est une situation de réactivation des enjeux fraternels, y compris dans les dimensions de rivalité, de dissension, etc. » ajoute Jean-Marc Talpin, psychologue clinicien, et maître de conférences à l'Institut de psychologie de l'Université Lumière-Lyon 2. Il cite également l’exemple - pas si rare - de fratries qui choisissent plus ou moins par dépit de vivre ensemble en vieillissant, parfois dans le domicile familial où ils ont vécu pendant l’enfance, notamment dans le cas où ils n’ont pas eu d’enfants et dans les milieux ruraux.

Pour réfléchir à la question, les spécialistes en thérapie familiale psychanalytique, Elodie Buisson et Julie Forestier, feront le matin une présentation sur le complexe fraternel, en s’appuyant sur les recherches de René Kaës. Le professeur de philosophie Jean-Philippe Pierron apportera un éclairage sur « l’idéal fraternel, tel que mis à l’épreuve dans la vie et la société », et l’après-midi sera alimenté de cas pratiques. À défaut de livres sur le sujet des fratries vieillissantes, Jean-Marc Talpin conseille également les ouvrages suivants de René Kaës, publiés aux éditions Dunod comme Le complexe fraternel (2008) ou encore celui d’Odile Bourguignon, Le fraternel, sorti en 1999. Tous les actes des conférences seront publiés gratuitement sur le site de l’ARAGP.

La journée est gratuite et se déroule le 21 février 2025 au Centre Hospitalier St-Jean-de-Dieu à Lyon.
 

Sophie Bourlet

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