Par le petit bout de la lorgnette

Le Journal des psychologues n°230

Dossier : journal des psychologues n°230

Extrait du dossier : L’examen psychologique : intérêt et renouveau
Date de parution : Septembre 2005
Rubrique dans le JDP : Actualités
Nombre de mots : 400

Présentation

Enseignants de psychologie clinique à l’Institut de psychologie de l’université Lumière-Lyon-II, nous avons lu avec surprise et intérêt la tribune libre de certains étudiants de Nanterre.

Détail de l'article

Leur réaction en appelle une autre, beaucoup plus globale, dans la mesure où leur courrier pourrait décrédibiliser la psychologie clinique référée à la psychanalyse. En tout cas, ce courrier pourrait laisser croire à une prédominance de ce modèle dans l’université française. Or, il n’en est rien.
Partons d’une expérience récente et fort éclairante. Fin juin, nous avons eu à examiner les dossiers (validation d’acquis) des étudiants qui souhaitent intégrer notre université en licence deuxième ou troisième année ou en première année de master. Or, que découvrons-nous d’une manière plus affirmée et inquiétante chaque année ? Des centaines d’étudiants qui souhaitent poursuivre leurs études à Lyon-II parce que l’on y enseigne la psychologie clinique et la psychopathologie dans une référence à la psychanalyse, alors que cela n’est plus possible dans leurs universités d’origine, et ce, quand bien même il y reste plus que le minimum obligatoire de psychologie clinique. D’année en année, le nombre des universités de provenance augmente : hier, c’était Clermont-Ferrant et Dijon ; aujourd’hui, c’est Grenoble, Chambéry, Montpellier où d’autres modèles, en particulier celui de la vaste nébuleuse cognitive, prennent une place exclusive. Ils ne permettent pas de former à la prise en charge des patients, mais plutôt à leur seule évaluation. La logique universitaire, ainsi que la limitation des capacités d’accueil font que nombre de ces jeunes et moins jeunes ne peuvent venir à Lyon-II et, de ce fait, sont dans l’impossibilité de réaliser leurs attentes de formation ni leurs projets professionnels. à ces étudiants refusés à Lyon nous disons que le problème de la formation à la psychologie clinique doit être reposé dans chacune de leurs universités ainsi qu’au niveau national, la migration n’étant pas ici un enrichissement mais un maigre palliatif.
Alors, ne nous trompons pas de combat. La psychologie clinique, au sein de l’université française, cette psychologie clinique qui permet de prendre en soin des patients atteints de pathologies lourdes, est menacée de disparition. Pensons simplement aux futurs patients qui ne demandent pas tant à être évalués (pour quoi faire) qu’à être entendus dans leurs singularités souffrantes.

 

Les enseignants du département de psychologie clinique de l’université Lumière-Lyon-II

Pour citer cet article

 ‘‘Par le petit bout de la lorgnette‘‘
URL de cet article : https://www.jdpsychologues.fr/article/par-le-petit-bout-de-la-lorgnette

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