La méditation pleine conscience, un traitement contre la dépression ?

Actualités professionnelles le 28 avril 2023

La thérapie cognitive qui repose sur la pleine conscience (MBCT, pour Mindfulness-Based Cognitive Therapy) connaît un essor dans le domaine médical, et s’ancre dans le courant de la médecine intégrative. Illustration au Centre hospitalier Le Vinatier à Bron, proche de Lyon.

Le Dr Jean-François Costemale-Lacoste est chercheur en neurosciences, spécialisé dans le sommeil, les insomnies dans la dépression et les troubles de l’humeur. Arrivé en 2020 au Centre hospitalier du Vinatier en tant que praticien contractuel, il a été formé pour devenir instructeur de mindfullness. « J’ai appris à Sainte-Anne et ai été formé dans le service du Pr Raphaël Gaillard, auprès de Florent Dulong (infirmier) et du Dr Christophe André (prôneur des TCC, de la méditation et de la psychologie positive, ndlr). Le parcours de formation pour devenir instructeur MBCT se déroule sur une période d’environ deux ans et est très axé pratique. La mindfulness a été développé à la base aux États-Unis dans les années 1970 par John Kabat-Zinn notamment, pour les patients qui souffraient de douleurs et qui avaient le cancer. L’équipe de chercheurs en psychologie, dont faisait partie Zindel Segal [1], ont conçu ce programme avait pour objectif d’éviter la récurrence des troubles dépressifs », présente-t-il.

Gestion des émotions et thérapie cognitive

Les séances se déroulent en groupe de 5 à 10 personnes, sur 8 séances de 2 à 2h30, une fois par semaine. Des feuilles d’exercices et des audios sont donnés aux patients entre les séances. Jean-François Costemale-Lacoste ajoute : « La MBCT est étendue à la gestion des émotions. C’est une méthode à appliquer chaque jour, et cela constitue une thérapie cognitive. Nous mettons en place des techniques de pleine conscience qui s’inscriront sur du long terme. Les séances ne sont pas uniquement dédiées à la pleine conscience, c’est aussi l’occasion pour les patients de faire des retours d’expérience. L’idée étant que ce que disent les patients a plus de valeur que ce que disent les instructeurs. » Ainsi, ces derniers s’appuient sur les discussions et les échanges pour « faire émerger un message-clé, comme le fait qu’il est plus simple de se confronter à ses émotions plutôt que les repousser », précise l’instructeur, qui reconnaît que le programme est très contraignant. En contrepartie, les patients peuvent attendre une réduction des symptômes dépressifs, une diminution du stress et des boucles cognitives de rumination.

Environ la moitié des patients participant au programme sont hospitalisés au Vinatier, l’autre moitié vient de l’extérieur, ou est suivie par les centres experts (dépressions résistantes, schizophrénie et bipolaire) de l’hôpital. Il n’existe pas de contre-indication particulière pour participer aux séances, exceptions faites des états dissociatifs et états instables qui pourraient perturber le groupe.

Un mois après la fin des 8 séances, une session de rappel de maintien de la pratique est proposée aux patients. « Cela fait plus de 10 ans que je pratique la MBCT. Certaines personnes continuent à la pratiquer régulièrement, et d’autres moins. Celles qui la pratiquent le plus iront mieux, et plus durablement, ce qui a été prouvé par des études scientifiques [2] », conclut-il.

Guillaume Bouvy

 


[1] Professeur de psychologie cognitive à l'université de Toronto, Zindel Segal est spécialiste de la dépression. Il est l’un des fondateurs de la Mindulness Based Cognitive Therapy avec Mark Williams et John Teasdale, et auteur de Mindfulness-Based Cognitive Therapy for Depression (2012).

 

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