Le deuil périnatal de plus en plus reconnu

Société le 3 octobre 2024

 

Le 15 octobre, c’est la Journée internationale de sensibilisation au deuil périnatal. L’occasion d’attirer l’attention sur une forme spécifique, mais bien réelle, du deuil d’un tout petit bébé pendant ou juste après la grossesse.

 

Comme chaque année depuis 22 ans au Royaume-Uni, le mouvement Baby Loss Awereness propose, en lien avec des acteurs partout dans le monde, une semaine autour du 15 octobre consacrée au deuil périnatal. Cette forme particulière de deuil concerne les décès pendant ou juste après la grossesse. Isabelle De Mézerac, fondatrice de l’association SPAMA participante aux journées, souhaite attirer l’attention sur la spécificité de ce deuil : « C’est un bébé qui quelquefois n’a été vu par personne d’autre que les soignants, qui le plus souvent n’est même pas sorti de l'hôpital. C’est un petit inconnu, familial, social, et pendant longtemps, on a banalisé cet événement en considérant qu’il n’y avait pas de véritable deuil. »  

En 2006, elle décide de créer l’association, quelques années après la perte d’un enfant et le constat que trop peu d’outils étaient à disposition pour parler et vivre son deuil. L’objectif du projet : soutenir les parents pour faire face. « Il faut se reconstruire après un tel choc, essayer de redonner un sens à sa vie et notamment à sa vie de parent. » explique Isabelle de Mézerac, qui témoigne de son expérience dans le livre Un enfant pour l’éternité (Editions du Rocher, 2004). « Les parents ont besoin d’être écoutés, de parler de celui qui est mort. » de raconter ce qu’a été sa vie, même très brève, explique-t-elle en citant le Dr Christophe Fauré (Fauré, 2013), spécialiste de la question du deuil.

Une évolution sociale

SPAMA propose des lieux d’échanges pour les parents endeuillés, un numéro d’écoute, des formations pour les professionnels, des livres pour les parents, fratries, ou enfants qui suivront, et aussi un coffret dans lequel on pourra glisser des photos, échographies, bracelets de naissance, pour « témoigner que ce bébé a vécu, qu'il est passé dans nos vies de parents. » Le 15 octobre à 19h, le mouvement mondial propose d’allumer une bougie et de le partager sur les réseaux. Une façon de « proposer un rituel, avec à la fois une dimension sociale et extrêmement intime » note le pédopsychiatre en périnatalité Michel Dugnat. Ces journées montrent « une avancée », mais la question reste très récente.

Si l'Organisation mondiale de la santé (OMS) parle de deuil périnatal entre 22 semaines d'aménorrhée et sept jours après la naissance, « la période pendant laquelle la perte d’un foetus est pensé comme un décès est de plus en plus précoce », remarque le pédopsychiatre. La société évolue, avec le recul démographique et de l’âge de la première grossesse. Michel Dugnat liste les évolutions légales concernant les grossesses, entraînant de nouveaux questionnements éthiques : la procréation médicalement assistée depuis les années 1980 - 3,7% des enfants conçus en 2019, la possibilité d’interrompre une grossesse à n’importe quel stade en cas de détresse psycho-sociale trop importante, ou encore plus récemment, la possibilité d’inscrire un foetus au livret de famille depuis 2008, avec un prénom depuis 2021. « On est de plus en plus dans une société du projet, de projet d’enfant. Quand celui-ci avorte, on reste avec un vide. Avec un mouvement auquel on a fait place, d’avoir voulu être parent et de ne pas l’être cette fois-là. »

 

Sophie Bourlet

 


Écoute téléphonique de l’association SPAMA pour les parents :
Tous les matins du lundi au vendredi
07 87 85 37 81

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