Dossier : journal des psychologues n°309
Auteur(s) : De Azambuja Miguel
Présentation
Un critique musicale disait que les interprétations de Bach faites par Glenn Gould témoignaient non seulement d’une connaissance approfondie de l’œuvre, mais elles nous laissaient entrevoir la relation que ce pianiste canadien entretenait avec Bach, une relation d’appropriation, voire d’identification. Cette relation permettait à Gould de transformer les partitions de Bach dans l’expression de sa cartographie intime. Cela lui permettait de parcourir chaque ruelle, chaque pont, chaque jardin de la partition les yeux fermés, en nous montrant des aspects de la « ville Bach » que les touristes n’auraient jamais pu découvrir s’ils avaient été livrés à eux-mêmes. Des aspects de la ville qui devenaient visibles grâce à Gould. En d’autres termes, Gould était le traducteur de Bach, si l’on pense à la notion de traduction proposée par Walter Benjamin, où le texte traduit emprunte le chemin du texte original et poursuit la route que l’auteur avait tracée avec son texte. Le traducteur se met ainsi dans les pas de l’auteur et nous offre des chemins insoupçonnés de son œuvre.