En cette période de fin d’année scolaire, les concours sélectifs afin de poursuivre ou débuter des études supérieures sont au cœur des préoccupations de milliers de personnes. Des préoccupations qui amènent certains à consommer des substances étant supposées améliorer leurs performances cognitives. Une étude publiée en Avril 2016 menée par une équipe INSERM du CHU de Créteil révèle ainsi qu’un tiers des étudiants en médecine a recours à des produits voués à améliorer leurs performances cognitives, qu’il s’agisse de produits en vente libre (29,7% des sondés), sur ordonnance (6,7%) ou de drogues illicites (5,2%).
Jusqu’à maintenant, il n’existait pas d’étude permettant d’avoir un regard sur l’efficacité réelle de ces produits en terme de performances cognitives. C’est en cela que l’étude allemande publiée en Mars dernier dans la revue European Neuropsychopharmacology apporte de nouveaux éléments au débat. Portant sur une quarantaine de joueurs d’échecs répartis en quatre groupes selon le produit consommé (« Ritaline », modafinil, caféine ou placebo), cette étude présente des résultats qui interrogent. En effet, en étudiant les chiffres, les chercheurs se sont aperçus d’un bénéfice significatif en terme de parties gagnées pour les sujets ayant consommé de la Ritaline ou du modafinil. Les résultats n’étaient pas significativement meilleurs pour les sujets ayant consommé de la caféine.
Les résultats de cette étude interrogent, même s’ils restent en l’état sujets à discussion. L’échantillon de joueurs peut ainsi apparaître top restreint (39 personnes) pour pouvoir porter une conclusion générale. Il serait intéressant de pouvoir disposer d’études complémentaires. Cependant, cette étude permet d’alimenter le débat quant à la question du dopage cognitif en général, et notamment l’opportunité d’instaurer des contrôles antidopage dans le cadre des formations très sélectives. Une première mondiale avait ainsi eu lieu en 2015, lorsque l’Electronic Sports League (ESL) avait annoncé la mise en place de tels contrôles dans les compétitions de jeux vidéo.
Dans une société axée vers la performance scolaire, avec une sélection de plus en plus drastique des étudiant, cette question du dopage cognitif est amenée à devenir une importante problématique de santé publique à l’avenir.
Benoit Catel
Pour aller plus loin :
Etude de l’INSERM, Avril 2016 : https://www.ncbi.nlm.nih.gov/pubmed/27100420
Etude Allemande, Mars 2017 : http://www.europeanneuropsychopharmacology.com/article/S0924-977X%2817%2930019-6/abstract
Article du blog « passeur de sciences », le Monde, 22 Mars 2017 : http://passeurdesciences.blog.lemonde.fr/2017/03/22/aux-echecs-peut-on-se-doper/
Contrôles dans l’e-sport : https://www.lesechos.fr/24/07/2015/lesechos.fr/021227317831_les-tests-anti-dopage-arrivent-dans-l-e-sport.htm