Dans un communiqué de presse en date du 29 Septembre dernier, l’Inserm donne les résultats d’une étude coordonnée par l’institut pour l’avancée des biosciences, qui semble indiquer un lien entre l’exposition des femmes enceintes à certains perturbateurs endocriniens et les troubles du comportement chez l’enfant. L’étude a par ailleurs été publiée dans la revue Environmental Health Perspectives le 15 Septembre.
Les perturbateurs endocriniens sont des substances chimiques présentes dans beaucoup de produits de notre quotidien, sans qu’il en existe une définition précise. Ce sujet reste au cœur de l’actualité, le Parlement européen ayant refusé, le 4 Octobre dernier, les critères proposés par la Commission pour les définir.
Portant notamment sur les sujets de la cohorte EDEN (constituée de 500 garçons nés entre 2003 et 2006 ainsi que de leurs mères), l’étude dont il est question ici consistait à proposer aux mères de 529 garçons, au moment des troisième et cinquième anniversaires de ces derniers, un questionnaire standardisé (intitulé « questionnaire des forces et difficultés ») portant sur le comportement de leur enfant (hyperactivité, troubles émotionnels ou relationnels). Pendant la grossesse, ces mères de familles avaient fait l’objet de prélèvements d’urine afin d’évaluer leur exposition à différents composés.
Les résultats tendent à démontrer que les effets observés chez les animaux de laboratoire se retrouvent chez l’humain. Ainsi, l’exposition au Bisphénol A de la mère enceinte serait associée à une augmentation des troubles relationnels chez les garçons de 3 ans et des comportements hyperactifs chez ceux de 5 ans.
Au sujet du DBP (di-n-butyl phtalate), ses effets seraient situés au niveau d’une augmentation des troubles émotionnels et relationnels chez les sujets âgés de 3 ans. Seuls les troubles relationnels se retrouveraient à 5 ans.
L’étude cite également le triclosan, qui aurait un lien, lui aussi, avec des troubles émotionnels chez les 3 et 5 ans.
L’objectif des chercheurs est maintenant d’élargir la recherche à d’autres sujets (notamment la cohorte mère-enfant SEPAGE) afin d’affiner les résultats, limiter les erreurs de mesures et surtout d’étudier le comportement de petites filles, qui pourraient avoir des réactions différentes de celles des garçons.
Des études de ce type, permettant d’établir un lien entre certains perturbateurs endocriniens et le comportement des jeunes enfants pourraient notamment servir de socle aux discussions en cours relatives à la règlementation de ces composés, qu’il s’agisse d’interdiction comme de réduction des taux autorisés.
Benoit Catel
Pour aller plus loin :
Etude complète publiée le 15 septembre 2017 sur Environmental Health Perspectives : https://ehp.niehs.nih.gov/ehp1314/
Communiqué de presse du 29 septembre, Inserm : http://presse.inserm.fr/exposition-prenatale-aux-perturbateurs-endocriniens-et-troubles-du-comportement-des-enfants/29573/