La jeune femme venait de rédiger un signalement pour violences sexuelles sur mineur de quinze ans dans le cadre familial. La profession est sous le choc.
C'est une bien triste rentrée pour tous les psychologues. Le 26 août dernier, Morgane Nauwelaers, psychologue et jeune maman, a été touchée à la tête par un tir de fusil de chasse dans le cabinet qu'elle partageait à Annecy avec son conjoint, également psychologue. Immédiatement prise en charge par les secours, elle a succombé à ses blessures à l'hôpital, peu de temps après. Les patients présents sur les lieux n'ont pas été blessés, mais la Cellule d’urgence médico-sociale du Centre hospitalier Annecy Genevois a été activée pour les accompagner ainsi que les proches de la victime. L'agresseur, âgé de 75 ans, quant à lui, aurait été désarmé par l'époux de la victime et rapidement interpellé lors de sa fuite, puis mis en garde à vue pour des faits d'assassinat, ainsi que le détaillait le jour-même la procureure de la République d'Annecy, Véronique Denizot, dans un communiqué.
Selon les premiers éléments de l'enquête, l'agresseur n'était pas un patient de la psychologue. Il aurait agi en réaction à une « information préoccupante » « pour des faits de nature sexuelle commis sur mineur de quinze ans dans le cadre familial », que la psychologue envisageait d'établir depuis une dizaine de jours et qu'elle avait rédigée la veille des faits. Examiné par un psychiatre au cours de sa garde à vue, l'homme a été jugé exempt de toute pathologie mentale. Il aurait reconnu les faits de meurtre, mais récusé la notion de préméditation, expliquant, ainsi que le rapporte la procureure de la République, « être venu pour faire peur à la victime, récupérer tout document papier ou informatique lié au signalement, et n'avoir fait feu que sous l'effet de la panique ». Il a été mis en examen sous la qualification d'assassinat et placé en détention provisoire.
Le drame laisse la profession sous le choc. Le Syndicat national des psychologues (SNP), la Fédération française des psychologues et de psychologie (FFPP), l'Association française de psychologie et de psychopathologie de l'enfant et de l'adolescent (APPEA) ou Reliance et travail ont notamment témoigné de leur tristesse, de leur indignation et de leur soutien aux proches de la victime, rendant hommage à une « jeune professionnelle tuée en effectuant, de façon déontologique, son travail de psychologue ». « Un tel acte montre que les psychologues sont eux-mêmes exposés à des actes de violence ; pour autant, ils restent mobilisés contre les violences et la maltraitance et continuent à apporter aide et protection aux personnes fragiles », insiste l'APPEA, « dont plusieurs membres ont bien connu Morgane Nauwelaers et apprécié ses qualités humaines et professionnelles ». L’ensemble des psychologues mais aussi le Journal des psychologues, sa rédaction et l’ensemble de ses collaborateurs se joignent également à la douleur de la famille de notre défunte collègue.
Laetitia Darmon.