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En ces temps de remise en question du caractère fondamental et irréductible de la différence des sexes, qu’est-ce qui permet à un enfant ou un adolescent d’accéder à une position sexuée ? Et avec quelles difficultés, dont la clinique contemporaine apporte témoignage ?
La question du féminin et du masculin demeure éminemment complexe, et de ce fait la condition féminine, en Europe ou dans un pays comme le Maroc, par exemple. Dans ce pays, la situation des femmes à la fois spécifique et universelle interroge la question du féminin au regard des féminismes, du colonialisme, au travail, au pouvoir, au corps, sans oublier l’incontournable question du voile.
Jusqu’au milieu du siècle dernier, les rapports entre les sexes étaient dominés par la logique phallique, dans la société patriarcale : l’homme du côté de l’avoir et la femme du côté de l’être. Cette logique, Freud, s’il en a pointé les conséquences symptomatiques, en est en partie tributaire. Aujourd’hui, après l’enseignement de Lacan, comment se dessine la carte des logiques sexuelles ?
Si la différence des sexes n’est plus la différence princeps, celle à partir de laquelle l’être humain se confronte à l’altérité, qu’est‑ce qui peut venir porter pour les « parlêtres », les êtres de langage que nous sommes, le manque qui s’instaure de notre rapport au langage ? et quelle part reste à l’anatomie dans notre destin ?
Les discours sociaux assignent chacun à des places marquées par la différence des sexes, places au demeurant mouvantes aujourd’hui. Qu’en est-il dans notre culture contemporaine avec la déconstruction de la figure du père ? L’anthropologie et la psychanalyse sont en légitimité, dans leur rapport avec le politique, loin des stéréotypes, pour interroger la redistribution contemporaine des liens sociaux.
En 1994 se tenait à Montpellier, organisé par Le Journal des psychologues, le XIIe Forum professionnel sur le thème : « Femmes et hommes. Des origines aux relations d’aujourd’hui » (Hommes et perspectives, 1994). Mon intervention s’intitulait « La guerre des sexes, vers une accalmie ? » Elle semblait en effet s’annoncer : après la promotion des lois Neuwirth sur la contraception et la loi Veil sur l’avortement, le MLF s’était rallié à la candidature de François Mitterand sous le slogan unificateur de la « force tranquille ».
L’adolescence constitue une délicate période de transition lors de laquelle certains jeunes en viennent à se questionner sur le choix de leur orientation sexuelle, sur ce corps dont ils ont été dotés à la naissance, mais pour lequel ils imaginent un destin tout autre. En recherche de réponses, de solutions, comment les aider à prendre ce « temps-pour-comprendre », évoqué par Jacques Lacan, et les accompagner vers un savoir-faire avec leur pensée, avec leur corps et avec l’Autre qui leur permettra de se situer dans les discours de leur temps ? Éléments de réponse.
Nous passons notre vie, écrit Jacqueline Barus-Michel dans son dernier ouvrage L’Énergie du paradoxe,
à « trafiquer » avec nos paradoxes fondamentaux, ces paradoxes « fournissant l’étincelle pour penser
autrement », transgresser les normes… et qui peuvent s’apparenter à « des jeux que la pensée s’offre
à elle-même » ; jeux inépuisables avec les contradictions et les affrontements avec le réel. La richesse
de cet essai et des hypothèses formulées, soulignées dans la rubrique Lire de notre numéro de mars,
est au fondement de ce débat.