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Il y a toujours eu un écart entre les paradigmes des classifications et les données issues de la clinique. Les tenants des deux grands paradigmes de la psychiatrie (la maladie mentale, la structure) ont entretenu des débats avec la clinique phénoménologique et psychanalytique.
La tendance actuelle ne serait-elle pas à la pathologisation du normal ? Quels sont les risques du surdiagnostic, notamment chez les enfants et les adolescents ? Quid de la fonction du symptôme ? Prenant l’exemple de la radicalité des symptômes chez les adolescents, les auteurs soulignent le nécessaire éclairage d’un diagnostic différentiel et fonctionnel afin que ce dernier ne vienne pas totalement recouvrir et masquer les processus identitaires et d’identification en construction.
Pédopsychiatre et professeur émérite de psychiatrie de l’enfant et de l’adolescent, Bernard Golse connaît bien les enjeux du diagnostic dans un contexte médical et social en demande de classifications. Partant du concept de psychopathologie, il le décline au pluriel et met en avant le modèle polyfactoriel pour pointer leur importance par rapport à la psychiatrie et à la pédopsychiatrie. Selon lui, la psychopathologie peut être le maillon entre les différentes approches, et la question du diagnostic en dépend fortement.
Maurice Villard s’est immergé dans une grande partie de l’œuvre du professeur émérite d’épistémologie et de psychologie clinique, Émile Jalley, une œuvre critique qui aborde de manière approfondie les évolutions contemporaines de la philosophie, de la psychologie, de la psychanalyse et de l’économie, reliant ces différents domaines par l’étude de leurs filiations. Il en fait ici une présentation synthétique, tout en en soulignant la diversité et la cohérence.
Si l’avancée des connaissances peut justifier de reconsidérer les paradigmes avérés, toutes sciences confondues, encore faut-il savoir se prémunir de ses possibles effets délétères. Ainsi en est-il de la psychopathologie qui risque de se voir amputée d’un de ses principaux fondements : la compréhension raisonnée de la souffrance psychique. C’est pourquoi l’auteur en appelle à réinterroger la conception actuelle de la psychopathologie en même temps qu’il insiste sur l’importance d’y intégrer la problématique du corps.
Peut-on encore parler de schizophrénie alors qu'historiquement et cliniquement rien ne justifie cette notion ?
Ce livre engagé avance une thèse : celle de l'histoire du « scandale scientifique » qu'est la schizophrénie. L'auteur retrace une histoire nourrie par les préjugés et les points aveugles qui traversent deux siècles de recherches en Europe et aux USA. Deux siècles pour tenter de définir de façon peu rigoureuse et peu critiquée cette catégorie aussi vaste qu'informe. Deux siècles où la psychiatrie biologique ne voile pas complètement son échec.
On y rencontre une pluralité de lectures d'Hamlet, sans oublier Freud, ou encore la question de la possession démoniaque. L'auteur illustre la pauvreté du DSM où le diagnostic standard chiffré évite le danger de la réflexion. Largement documenté, cet ouvrage propose une théorie rigoureuse des psychoses basée sur la clinique. Un livre destiné aux cliniciens, aux historiens et à ceux qui sont concernés par la souffrance psychique.
Le TDAH ou Trouble déficit de l'Attention avec ou sans Hyperactivité est le premier motif de consultation en pédopsychiatrie en France et justifie la prescription de dérivés d’amphétaminiques dont on ignore les effets à long terme. Et voilà que pour les adultes stressés, speedés, débordés, et débordant d’activités on parle de TDAH… Comment ce syndrome, si rare il y a trente ans, est-il devenu un problème de santé publique important pour les uns et une fausse épidémie, voire une catastrophe nationale, pour les autres. La polémique intéresse tous les acteurs de la santé mentale mais aussi les professionnels de l'enfance, les parents, les associations d'usagers et maintenant qu'il concerne aussi les adultes tous les citoyens sont potentiellement concernés. Au cœur des enjeux internes à la psychiatrie mais aussi des débats entre les nouveaux acteurs du diagnostic psychiatrique que sont les enseignants, les forums internet et les associations d'usagers, le TDAH interroge l'activisme médical, la place des experts et des classifications, le rôle des médicaments psychiatriques, et leur mésusage, l'importance du contexte psychologique et social…. Enfin le TDAH pose la question de l'influence du discours des neurosciences sur les politiques publiques. Un livre d’utilité publique, très documentée et très lisible, qui devrait devenir la référence sur le sujet.
La promesse de bonheur faite aux peuples et aux individus constitue, à l'instar des religions et des idéologies, un opium qui les prive de leur liberté. En les berçant avec la vieille chanson de l'abondance et du bien-être, en les insérant toujours plus dans des réseaux de surveillance et de contrôle au motif de les protéger des risques et des dangers, le pouvoir libéral contraint les citoyens à abandonner leurs libertés publiques au profit de l'automatisme des procédures.
Les nouvelles technologies installent et légitiment un système politique et culturel qui menace la démocratie et favorise l'impérialisme du marché. L'auteur montre comment jour après jour la quantité décide de la qualité. Au nom du bonheur et de la sécurité auxquels les individus aspirent, le pouvoir prescrit un mode d'emploi du vivant qui substitue à la culpabilité fondatrice du lien social, la dépendance à la rationalité des instruments numériques et des procédures normatives.
L'ouvrage soutient que la technique disculpe, qu'elle ne requiert que son exécution, sans états d'âme. Quand la culpabilité passe à la trappe, c'est l'Autre qui disparaît et, avec lui, notre liberté de désirer. En politique comme en psychanalyse un sujet ne saurait exister sans parole, sans autrui. Les changements qui se sont accomplis en psychiatrie depuis une trentaine d'années constituent un bon exemple de la crise des valeurs qui menace l'humanité dans l'homme : les modes d'emplois et les grilles d'évaluation statistiques ont remplacé le dialogue clinique et les récits de vie.
La nouvelle version du DSM devrait voir le jour dans le courant de ce mois. Ce manuel tente de créer une nomenclature universelle des maladies mentales basée sur les statistiques bien plus que sur l’observation clinique. Cette classification met en valeur une conception réductionniste des pathologies et une simplification extrême visant à créer la confusion entre le sain et le pathologique. En définitive, l’homme selon le DSM existe-t-il vraiment ?