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La drogue, au même titre que la folie et l'impensable, se situe à l'horizon de cette forme primordiale de projection qu'est le refoulement culturel. Pour décrire ce que signifie l'expérience d'intoxication, il est indispensable de la saisir dans un contexte culturel précis où individu et groupe, réel et imaginaire, perception et mythe, coexistent sans s'exclure. Seule une telle démarche permet de restituer au phénomène du haschich ses traits spécifiques. Cet ouvrage est la seule et unique anthropologie où la réalité clinique égyptienne est présentée comme une contribution originale à une problématique plus large.
Longtemps avant la psychanalyse, les hommes avaient coutume d’explorer la psyché, qui demeurait une terra incognita dont l’artiste était, par élection, l’explorateur attitré. L’usage de la drogue, pour certains d’entre eux (tels Gauthier, Nerval, Baudelaire, Jarry et bien d’autres encore), fut un moyen, plus ou moins ludique, d’en découvrir quelques ressorts cachés. Leur ambition était moins de comprendre le fonctionnement de la psyché que de révéler de nouvelles potentialités créatrices. L’avènement de la psychanalyse va déqualifier, voire ramener au rang de puérilité, la prétention du poète à découvrir quelques secrets de la psyché en expérimentant les drogues. Dans ce second article, nous découvrirons l’usage du haschich que firent quelques auteurs du XXe siècle, en l’occurrence A. Breton, W. Benjamin et H. Michaux.
Isam Idris
Psychologue,
Responsable de rubrique
pour Le Journal des psychologues