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Au cours de l’été 1889, cinq ans après son séjour parisien à la Salpêtrière auprès du « grand Charcot », Freud passe trois semaines auprès des maîtres de l’École de Nancy, Auguste Liébeault et Hyppolite Bernheim, pour parfaire sa technique hypnotique. Ses écrits de l’époque permettent de saisir les prémices du renversement qui s’opère pour lui, de la suggestion hypnotique à la « cure de parole », puis à la psychanalyse. Plus de 125 ans après, on assiste au mouvement inverse : suggestion, le retour ?
Possédées du malin au Moyen Age, les sorcières hystériques sont vouées au bûcher. Enfermées au XVIIe siècle, maltraitées, elles rejoignent la Cour des Miracles de l'Hospice de la Vieillesse-Femmes à la Salpêtrière, lieu de réclusion des femmes dérangeantes, indigentes, folles incurables, âgées ou gâteuses .... Jusqu'à ce que le Dr Jean-Martin Charcot (1825-1893) mène le combat qui transforme l'ancien hospice en hôpital : l'Ecole de la Salpêtrière de Paris est née, qui devient lieu de recherche, d'enseignement et de soins, de renommée internationale. Tels des prestidigitateurs, les médecins hypnotiseurs de la Salpêtrière, font surgir et disparaître contractures, paralysies, spasmes, convulsions, cécité... Attiré par la notoriété de Charcot, le jeune Freud, arrive à Paris fin 1885 comme neuro-pathologiste. Il en repart quelques mois plus tard pour fonder la Psychanalyse. Au travers du corps de l'hystérique en convulsions, incarné par Blanche, Augustine ou Geneviève, vedettes des Leçons du Mardi, Freud découvre une mise en scène de fantasmes et de désirs inconscients. C'est à cette traversée historique et conceptuelle que nous vous convions dans l'amphithéâtre qui porte aujourd'hui le nom de Charcot.
Ce volume s'ouvre par le récit que Freud fait de son séjour à Paris pendant l'hiver 1885-1886, où il a suivi l'enseignement de Charcot à la Salpêtrière. Il va en retenir les apports sur l'hystérie. De retour à Vienne, l'accueil que réservent les cercles médicaux à ce qu'il considère comme d'importantes innovations le déçoit ; il en gardera une impression durable. S'intéressant parallèlement à l'hypnose comme méthode thérapeutique, il assiste aux démonstrations de Bernheim, qui obtient par ce procédé des résultats significatifs. Par ailleurs, il travaille sur les troubles du langage et écrit une étude approfondie sur les aphasies. Le recours à de nombreux schémas, figurant les phénomènes d'une façon "topique", anticipe déjà sur le futur appareil psychique et la représentation que Freud en donnera dans Le moi et le ça.
L'hypnose est un phénomène de dissociation psychique durant lequel notre attention se focalise sur une pensée, une image ou une sensation alors que les évènements extérieurs sont ignorés. Toute personne l'expérimente au quotidien, sans le savoir, lorsqu'elle regarde par exemple un journal télévisé sans en traiter les informations parce que tout à coup, elle est absorbée par des pensées intérieures. En thérapie, l'hypnose comprend un ensemble de techniques permettant d'amplifier cette phase de dissociation en invitant le patient à explorer ses pensées à un niveau psychique et corporel. Cet ouvrage fait le point sur les théories scientifiques de l'hypnose et présente une synthèse des travaux expérimentaux les plus récents dans le domaine des sciences cognitives. Il fournit une analyse des caractéristiques neurophysiologiques de l'hypnose et de sa contribution dans le traitement de la douleur, tout en illustrant sa pertinence comme instrument de recherche pour cerner les mécanismes du contrôle exécutif. En outre, il rend compte des implications de l'hypnose sur la récupération des souvenirs. Cette synthèse trace les perspectives d'une nouvelle problématique de l'hypnose en rattachant son étude aux orientations actuelles des neurosciences, de la biologie et de la psychologie cognitive. Ce faisant, elle démystifie l'hypnose et lui confère une place significative dans la recherche scientifique contemporaine.
L'hypnose n'est pas un phénomène isolé relevant d'une explication indépendante. Elle est, au contraire, indissociable des lois générales du psychisme. Sa nature en est déductible comme une conséquence l'est des prémisses qui la fondent. Une réflexion sur l'hypnose enveloppe donc une interrogation philosophique sur la nature de la conscience pour rendre compte de faits particuliers. Le sujet en état d'hypnose est un être unifié qui coïncide avec la mouvance de la durée, forme de tout vécu, mais ignore, faute de recul, sa temporalité : il ne pense pas le temps et ne se pense pas dans le temps. Cette hypothèse s'accorde avec les procédés d'induction de l'hypnose ; elle permet aussi d'éclairer ses principaux effets : hallucinations positives et négatives, régression, amnésie posthypnotique... Longtemps reléguée au silence par la psychanalyse, l'hypnose connaît aujourd'hui, sous d'autres noms, un renouveau attesté par le succès de méthodes de relaxation qui en procèdent. Mais, de tout temps, l'état mental où elle s'enracine a inspiré la recherche d'expériences libératrices : c'est le cas des diverses formes de prières ou de la spiritualité propre au quiétisme et au zen. Différentes de l'hypnose, ces expériences naissent de la même source et s'en rapprochent comme des espèces au sein d'un genre.