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Près de quarante ans après ses premiers écrits sur la pratique du psychologue en crèche, l’auteur déplie le fil de la temporalité pour envisager l’intrication des dimensions sociétales, institutionnelles, groupales, familiales, personnelles et interpersonnelles qui déterminent de manière consciente ou inconsciente, explicite ou implicite ce fait : un bébé est à la crèche. Comment peut-il subjectiver son expérience ? Comment les équipes s’organisent-elles autour de lui et dans quelles conditions ? Quelle position alors pour le clinicien ?
L’attention au vulnérable, le décentrement sur l’autre, les logiques du don, le risque de la rencontre, la tension féconde entre le « faire des soins » et le « prendre soin »… sont des valeurs qui animent l’univers du soin, tout autant que celui de l’écologie. Aussi, au confluent de la psychologie, de la médecine, de l’écologie et de la philosophie, cet article s’attache à montrer combien ces valeurs pourraient constituer de puissants leviers de transformation pour répondre aux enjeux de la crise écologique, mais aussi comment le paradigme du soin constitue un art caché qu’il faut rendre visible afin de soutenir l’improvisation créatrice dont l’humain est aussi capable pour élargir sa responsabilité au vivant.
Au prétexte de pragmatisme, de rentabilités nouvelles, l’étude des troubles mentaux et de leurs causes ne correspond plus aux nouvelles demandes prônées par les champs social, politique et administratif, où l’objet psychique dans la relation de soin ne semble plus avoir de place. Pour autant, outre l’argumentation des apports indéniables de la psychopathologie, l’auteur propose une réflexion inédite des enjeux du corps-en-relation et du lien corps/psyché pour la psychopathologie, qu’il appelle le « 3e corps ».
C’est ici le concept d’intersubjectivation dans la clinique et ses applications dans la psychanalyse individuelle,
de couple et de famille, qui est au cœur de cet entretien. Et plus particulièrement, ce qu’Alberto Eiguer nomme le « tiers témoin »,
ce troisième espace, celui de l’intersubjectivité des liens. Un tiers qui s’avère ainsi agent de la différence, de la diversité,
de l’ouverture au monde, mais aussi de la fin de toute chose.