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La thérapie institutionnelle a induit une approche nouvelle de la rencontre clinique et du cadre institutionnel. En son sein, « l’ouvert » s’est déployé à la croisée de la psychologie et de la philosophie. Cet article revient sur la pratique de la « greffe d’ouvert » auprès des patients psychotiques, afin de préciser sa pertinence et ses bénéfices du point de vue du psychologue en institution.
C’est dans la soirée du jeudi 15 mai 2014 que Jean Oury, psychiatre, psychanalyste, directeur de la clinique de La Borde, est mort parmi les siens,
à l’âge de quatre-vingt-dix ans, d’un cancer du pancréas.
Le samedi précédent, présent comme chaque jour dans son bureau, il recevait des moniteurs, afin de discuter avec eux des problèmes rencontrés au sein de la clinique : analyse institutionnelle
permanente de ce qui pouvait contribuer à améliorer l’ambiance de l’établissement.
Se fondant sur l'idée simple que les relations peuvent soigner, la psychothérapie institutionnelle a changé le visage de l'institution de soin : elle en a fait une collectivité où chacun participe et s'engage, où soignants et soignés coopèrent, où il n'y a pas de murs, mais des réunions pour parler des problèmes. Ainsi, depuis les années 1950, la clinique de La Borde accueille des personnes psychotiques dans une communauté de vie qui préserve la singularité de chacun. Plaçant au centre de sa pratique le collectif, la liberté de circulation et la responsabilisation des malades, elle a fait des relations et des activités au sein de l'institution ses premiers alliés dans la proposition thérapeutique.
Le collectif à La Borde se connaît dans ses effets. Il n'est pas une chose ni même un organigramme spécifique, mais il a des conséquences observables au plan intersubjectif (celui des relations entre individus qui construisent les sujets) et politique. Le collectif est à La Borde le moteur d'une forme sociale originale que l'auteure analyse. À l'aide d'outils issus de la philosophie et des sciences sociales, elle entreprend d'en saisir la spécificité, de l'analyser, de le comprendre, dans l'objectif de nourrir d'autres pratiques dans d'autres lieux.
L'ouvrage relève le défi de parler du travail thérapeutique auprès de patients psychotiques à la clinique de La Borde (Loir et Cher). Depuis 1953, Jean Oury y développe une logique du soin où le présupposé d'un transfert psychotique, dissocié et multiréférentiel tient lieu de "mot d'ordre" éthique et politique. Dans ce contexte où coexistent logique poétique et rigueur du soin, l'auteure s'attache à décrire au jour le jour l'accompagnement des sujets dans le déploiement de la vie quotidienne. Les éprouvés et les ressentis dus à une proximité de la psychose ainsi que leur effets sont élaborés au moyen d'une analyse institutionnelle permanente.
Est décrit, au travers une cinquantaine de vignettes, ce qui touche au corps et au psychisme, communs au psychotique et au soignant, entre-corps où se manifestent des symbioses partielles, amorces d'une unité du sujet. Ce mécanisme s'inscrit dans un lien transférentiel où l'approche de la psychose se trouve renouvelée par la requalification qui peut être faite du terme de "contaminations" en possibles thérapeutiques.
L'auteure s'appuie sur les travaux de Searles, Benedetti, Resnik, Pankow, Michaud et Oury.
Un lexique reprenant les expressions utilisées en Psychothérapie institutionnelle est proposé en fin d'ouvrage.