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L’histoire de la moitié des familles prises en charge par le service ministériel de protection judiciaire de la jeunesse est marquée par l’émigration. À l’adolescence, période où le jeune, en proie à la question du « Qui suis-je ? », réinterroge les liens de filiation, l’épreuve de l’exil ravive la question des origines et des liens à l’autre, fondements mêmes du sentiment d’existence et de légitimité.
Souvent, les enfants de migrants ressentent le besoin d’un « retour au pays », qui peut s’exprimer par le désir de fouler la terre des ancêtres ou bien l’apprentissage de la langue parentale. Les rapports de ces enfants à cette langue permettent d’appréhender les mouvements de prise et de déprise filiative et affiliative, mais aussi d’évaluer la construction d’un sentiment identitaire et d’une identité familiale.
L’adolescent fait l’expérience d’un changement de relation avec ses parents, dans sa recherche de position de sujet-adulte autonome. Il revisite son histoire transgénérationnelle et sa place dans la filiation, afin d’y puiser des modèles d’identification. Qu’en est-il pour l’adolescent isolé étranger, dans le contexte de grande vulnérabilité qui est le sien ? Les langues, d’origine et d’adoption, peuvent symboliser ce travail filial et offrir un décryptage de ses enjeux psychiques.
Connaître la culture des personnes d’origine étrangère ne permet pas systématiquement aux professionnels qui les suivent de dépasser les incompréhensions et les malentendus aux prises dans la relation d’aide. Pour ce faire, une démarche réflexive est nécessaire, portant sur la culture de l’individu, son identité, les raisons qui l’ont motivé à quitter sa terre natale ou encore la nature de ses relations avec les autochtones.
La migration impacte et réorganise les relations familiales sur plusieurs générations. Elle est décrite comme un atout, mais malheureusement, le plus souvent, elle est aussi dénoncée comme un handicap. Une recherche récente, ayant donné naissance à un livre*, a permis de repérer six facteurs dans l’histoire de la migration des familles favorisant ou bien limitant le potentiel créatif de la double appartenance.