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Le mot « conscience » est très controversé. Terme tabou pour les comportementalistes matérialistes qui voulaient s’en passer, il renvoie au champ philosophique, cantonné à la responsabilité morale, avec la bonne ou la mauvaise conscience, la culpabilité ou conscience de la faute.
Dans un troisième ouvrage sur la douleur, l’anthropologue David Le Breton s’aventure sur le terrain difficile de la douleur chronique, celle qui dure et rend parfois la vie impossible. À partir d’un grand nombre d’entretiens avec des patient-es, il a pu identifier divers moyens de lutter contre la souffrance, lorsque le savoir médical ne suffit plus : en premier lieu, apprivoiser sa douleur et lui donner une signification.
S’extraire de son quotidien, quitter son environnement social et familial, abandonner parfois son état civil, sont autant de situations étudiées par David Le Breton dans son dernier ouvrage, situations qui équivalent à « disparaître de soi ». Faut‑il y voir une nouvelle manière d’être au monde, ou plutôt les fondements de certaines formes de pathologie ?
Le pari de cet ouvrage est de suivre Pessoa à travers cette œuvre majeure qu'est le Livre de l'intranquillité, au fil de ses humeurs et de ses extravagances, sans chercher à interpréter sa parole ni à réduire sa pensée à une dimension psychopathologique. Plus on avance dans la lecture de Pessoa, plus on est fasciné par la puissance de son style et la profondeur des éprouvés qu'il livre avec une précision quasi clinique. Pessoa décline, en maître incontestable du récit de soi, tous les niveaux, tous les registres et tous les axes de ce qui fait l'infinie complexité de la vie psychique. A travers ses rêves et les emportements de ses exaltations, il sait rendre avec la plus saisissante des vérités le tragique de l'existence. On ne sort pas indemne de la plongée dans une œuvre aussi étrange, si tant est qu'on se laisse pénétrer par sa puissance corrosive. Plus de faux-semblants, plus d'illusions, lorsqu'on est descendu aux dernières marches d'un désespoir aussi profond, mais qui nous est rendu supportable par la transfiguration de l'art, comme de son côté, la magie de l'écriture lui a rendu tolérable, voire belle, une vie d'enfermement et de repli sur un soi torturé et exalté. Pessoa est l'un de ceux qui est allé au plus loin dans l'exploration des labyrinthes de la vie onirique, sans perdre dans les ténèbres de cette réalité, sa puissance de réflexion et d'analyse. Au fond, ce qu'il nous offre est à la fois une ouverture à l'altérité et une réappropriation de soi. L'expérience qu'il livre dans son écriture est de nature à enrichir quiconque, au-delà de toute discrimination enfermante. L'apport de Pessoa est d'ordre existentiel et brise tout clivage, qu'il soit fondé sur la norme ou sur la réalité. Les explorations confahulatoires ou autres divagations y sont menées à leur terme, sans réserve ni retenue, permettant à chacun de faire à ses côtés le voyage qui le conduit jusqu'au plus profond de la psyché. Les parts archaïques du soi, les plus inattendues comme les plus étranges, se révèlent et s'animent au contact de celui qui a su se confronter comme personne à ses contradictions internes et à sa souffrance.