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Supposez que vous soyez un décideur, un responsable politique ou même un chef d’une grande entreprise. Comment modifier le comportement d’une population entière, pour qu’il aille dans le sens que vous souhaitez ? Il existe pour cela toute une panoplie de moyens. Ils vont des méthodes de coercition (armée, police, justice) aux obligations légales (lois, décrets, normes) à observer sous peine de pénalités financières ou physiques, en passant, pour les employeurs, par des directives qui sont autant d’exigences à satisfaire selon le principe de subordination. Mais, si vous ne souhaitez pas utiliser de formules autoritaires, vous pouvez faire appel, souvent avec plus d’efficacité, aux méthodes et aux actions psychologiques. C’est l’apanage des démocraties qui préfèrent plutôt discuter et convaincre que de contraindre, et des instances libérales qui prônent l’autonomie et la responsabilité individuelle. Elles ont le choix des procédés, car la psychologie est prolifique.
De Gustave Le Bon à Serge Moscovici, en passant par Scipio Sighele, Gabriel Tarde
ou encore Sigmund Freud… les grandes étapes de la recherche sur « la psychologie
des foules » sont synthétisées ici.
Mais qu’en est-il aujourd’hui de ces foules qui se soulèvent dans l’espoir de devenir maîtres de leur destin ? Ou encore
de celles, planétaires et virtuelles, qui se rassemblent ponctuellement à l’occasion de manifestations sportives, tel le Mondial de football cette année ?
Les dispositifs qui règlent les grands rassemblements sportifs contemporains
conduisent à quelques observations : la peur de voir se rejouer la scène primitive
où le sport croise la violence des foules sous le regard des médias ; la nouvelle ère
de l’homme des stades, acteur-observateur d’un « spectacle total » ; ou encore l’épuration des quartiers populaires
aux alentours des stades… Faut-il dès lors considérer le Mondial de football comme une figure du capitalisme néolibéral arrachant le sport à ses racines identitaires ?
Que peuvent nous apprendre les sciences humaines et sociales sur les comportements
individuels ou collectifs au sein de vastes rassemblements populaires, qu’il s’agisse
de rassemblements pour des motifs politiques, religieux, sportifs, etc. ? Le « Mondial » de football, qui se tient au Brésil jusqu’au
15 juillet prochain et qui rassemblera probablement des millions de supporters, sert de fil rouge à cet entretien.
Sociologues et psychologues sociaux se sont intéressés dès la fin du XIXe siècle aux foules et aux masses – tous les auteurs du dossier ne manquent d’ailleurs pas de citer le rôle
précurseur de Gustave Le Bon –, certains établissant une relation entre celles-ci et la modernité politique. Aujourd’hui plus
encore qu’hier, la presse souligne la portée universelle des grandes manifestations sportives (le Mondial ou les Jeux olympiques) et leur rôle important de facilitation des rapports internationaux ou interétatiques
et d’intégration des valeurs de tolérance et d’humanisme.