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La radicalité désigne un cadre de pensée, un processus psychique de rigidification et une recherche de ligne directrice de vie, simplifiée. Elle se transforme en idéologie plus facilement admise et intégrée lorsque le sujet traverse une période de vulnérabilité, où le manque de repères, la perte du sens de la vie, le délitement du sentiment d’affiliation, le poussent vers une nouvelle quête existentielle.
À quelles thérapies recourir pour soulager les souffrances psychiques qui se multiplient dans les sociétés contemporaines ? Telle est la question à laquelle le psychanalyste et philosophe Miguel Benasayag tente de répondre dans cet essai nourri de sa longue expérience clinique. Il propose d'abord une analyse critique fouillée aussi bien des différentes variantes de la psychanalyse, en nette perte de vitesse, que des thérapies cognitivo-comportementales (TCC) ou des traitements médicamenteux, en plein développement. Il montre que si les unes et les autres peuvent parfois servir utilement de béquilles, elles restent largement impuissantes face à la difficulté de nos contemporains à assumer un monde vécu comme menaçant et complexe : malgré leurs différences, les deux courants partagent leur incapacité à affronter les véritables changements de nos sociétés. C'est toute l'originalité de l'approche proposée par Miguel Benasayag : pour lui, les thérapies psychiques individuelles ne peuvent être mises en œuvre indépendamment d'une réflexion critique approfondie sur les mutations sociétales et idéologiques de notre époque. Ce qui l'amène à développer ici la piste ouverte dans son livre Les Passions tristes. Souffrance psychique et crise sociale (La Découverte, 2006), où il rendait compte de son expérience en pédopsychiatrie : celle d'une "thérapie situationnelle" qui aiderait à répondre au défi principal de l'époque, être capable d'agir dans la complexité. Comme Spinoza l'écrit dans son Éthique, les hommes se croient libres du fait qu'ils ignorent leurs chaînes. La tâche d'une thérapie situationnelle ne consiste pas dans l'illusion de briser ces chaînes, mais dans la possibilité de les transformer en liens avec les autres, comme condition de la vraie liberté.