Dossier : journal des psychologues n°230
Présentation
La tendance est d’inscrire le travail de la police dans la répression et le maintien de l’ordre. En intervenant au sein du commissariat de police, le projet Ismène privilégie la prévention de la recrudescence de la violence et de la souffrance des familles. Peut-on aller encore plus loin et imaginer des dispositifs où policiers, psychologues et familles pourraient se rencontrer et donner du sens à ces phénomènes qui les poussent à travailler ensemble ?
Mots Clés
Détail de l'article
Le centre Espace Famille 92 est un service public de psychiatrie adulte, dépendant de l’hôpital Paul-Guiraud Villejuif, spécialisé depuis 1986 en thérapie familiale. à la suite des recherches théoriques du docteur Catherine Guitton, il a développé un projet de prévention précoce de la délinquance des mineurs en partenariat avec le commissariat de police et le tribunal de grande instance.
Les bases théoriques : les risques psychologiques majeurs
à la suite de nos différentes analyses, nous posons comme hypothèse que les situations familiales à risques, qui durent, provoquent des troubles personnels et collectifs créant peu à peu une situation chaotique et à risques. Les troubles de la communication s’allient aux troubles de la perception du danger et de la menace : on arrive ainsi à une escalade des risques qui se termine en catastrophe. Pourtant, de telles catastrophes sont prédictibles. C’est du moins ce que l’on dit après-coup. En effet, les travailleurs sociaux, eux-mêmes témoins de leur impuissance face à certaines familles et bien que profondément impliqués, reconnaissaient leur impression d’aller « vers une catastrophe annoncée »…
L’impuissance des professionnels de terrain pour maîtriser cette longue spirale dramatique pose un problème majeur : insuffisance du travail en réseau, cloisonnement et réduction de la pensée, dilution des responsabilités et effondrement des processus décisionnels ainsi que des fonctions d’autorité. C’est un dysfonctionnement en boucle !
Cela dit, le propre d’une situation chaotique est de se dévelop0per dans un contexte où sont abolies toutes les fonctions d’autorité. L’irruption de la catastrophe, après un temps de crise, va permettre de réinitialiser le temps et de redéfinir un « avant » et un « après ».
La catastrophe est une vraie solution systémique et, parfois, les professionnels eux-mêmes la souhaitent, de façon plus ou moins claire, dans l’espoir de pouvoir reprendre la main dans des situations sans issue. Comme le dit P. Watzlawick, c’est une « ultrasolution », puisqu’elle permet de détruire le problème, le contexte dans lequel il se développe et ceux qui le construisent.
Nous avons pu ainsi vérifier à quel point les adolescents et les jeunes adultes se faisaient volontiers les miroirs des désordres familiaux et des troubles parentaux, prenant sur eux d’exprimer ou, pis, de vouloir résoudre les conflits majeurs de leurs parents. Ils développent des symptômes, mettent en jeu leur avenir, risquant ainsi leur vie et celle des autres, adhérant souvent à des propositions absurdes. Ils sont victimes de leur méconnaissance et de leur impulsivité, tout en revendiquant leur fragilité et leur bonne foi. Reconnaissant la dynamique du bouc émissaire déjà décrite par beaucoup, dont René Girard, nous nous sommes questionnées pour modéliser une issue à cette spirale. C’est à ce niveau que nous nous sommes fixées sur la question de la prévention et de la protection des enfants dans les familles en crise.
La délinquance des mineurs, problématique sociale de plus en plus alarmante ces dernières années, nous a poussées à imaginer une passerelle de travail avec la police nationale et, plus précisément, avec la brigade des mineurs chargée à la fois des mineurs victimes (racket, violences intrafamiliales, kidnapping, abus sexuels…), mais aussi des mineurs auteurs d’actes délictueux ou d’incivilité (tagues, toxicomanie, prostitution…).
Notre conception de la prévention précoce ne se base plus sur des diagnostics établis qui distinguent les agresseurs des victimes. Elle incite tous les intervenants de notre réseau local à une redéfinition de notre coopération dans une perspective différente, à savoir considérer le fait que se retrouver convoqués au commissariat de police, à propos de leurs enfants, est perçu comme une catastrophe incroyable par ces parents.
Nous avons trouvé sur ce point des partenaires inattendus et convaincus qui nous ont permis de mener à bien notre expérience : les élus de la mairie de Boulogne, la commissaire principale du commissariat de Boulogne avec son équipe, le procureur du tribunal de Nanterre, ainsi que les juges pour enfants du département. Les finances sont assurées par la ville dans le cadre du centre local de santé avec l’association Espace Famille 92.
Ainsi, le travail au commissariat de police avec la brigade des mineurs se situe dans le droit fil de notre recherche qui s’organise dans un lieu et une temporalité catastrophiques qui commencent au moment de la convocation des parents au commissariat : les adultes et les mineurs sont déstabilisés, demandeurs d’écoute, de respect et de repères en urgence. Notre présence permet de répondre à cette demande désespérée. Aussi, ce projet a pris le vocable d’Ismène, la sœur d’Antigone. Dans la tragédie grecque, elle est une observatrice qui reste impuissante à endiguer les désastres dans sa fratrie et sa famille : en fin de compte, ils meurent tous et elle reste seule en ayant tout perdu, avec le monde à reconstruire et tous ces deuils à assumer.
Cette figure représente le problème des observateurs dans les situations à risque majeur. Bien que solidaires, ils sont démunis. L’organisation en réseau interactif et pluridisciplinaire est une nécessité incontournable.
Le mode de fonctionnement de la cellule d’écoute psychologique
Deux psychologues se partagent donc les permanences effectuées au sein du commissariat de Boulogne-Billancourt. Elles sont formées à la thérapie familiale et dépendent du centre Espace Famille 92. Les permanences se tiennent tous les jours, du lundi au vendredi, au sein même des locaux du commissariat dans un bureau qui est mis à leur disposition.
Nous avons posé cinq postulats de départ pour organiser notre travail :
• Nous ne faisons pas de prise en charge thérapeutique, mais nous proposons une aide ponctuelle de consultation sur une période courte.
• Les familles sont volontaires. Elles sont prévenues qu’il n’y aura aucun impact juridique judiciaire ou administratif.
• Le retour à la brigade des mineurs est juste de l’ordre de l’information, si la famille est venue ou non.
• On ne s’occupera pas des familles déjà entourées par les autres services sociaux de la jeunesse, mais on transmettra juste une information aux services référents.
• Notre accueil ne se limite pas aux familles qui habitent Boulogne-Billancourt.
Initialement, l’idée était de recevoir les enfants et les parents des primo-délinquants, lorsque ceux-ci étaient convoqués par la brigade des mineurs pour venir chercher leur enfant au commissariat après sa garde à vue. En fait, il s’est avéré plus stratégique de proposer également nos services aux familles de mineurs victimes, et ce, afin de ne pas alarmer l’opinion publique. Finalement, la brigade des mineurs a spontanément trouvé le meilleur usage qu’elle pouvait tirer de notre disponibilité : elle nous adresse les familles en détresse, aussi bien après les gardes à vue qu’après les auditions (fugues, incivilités, absentéisme scolaire…) ou qu’après les dépôts de plaintes (victimes) et mains courantes déposées par certains parents (qui demandent, par exemple, une protection pour leur enfant contre l’autre parent au cours d’une procédure de divorce…).
La brigade des mineurs est garante du cadre légal des procédures judiciaires en cas de garde à vue. Elle oriente les familles vers nous au moment où elle l’estime opportun.
Il s’agit d’abord d’une simple proposition offerte à la famille qui demeure libre de la refuser. Dans la grande majorité des cas, les familles sont très agréablement surprises de cette attention et acceptent : soit elles viennent nous voir directement, soit elles reprennent contact avec nous ultérieurement, soit, enfin, elles acceptent qu’on les rappelle chez elles. Parfois, les parents refusent de revenir, mais il peut arriver que le jeune accepte de rencontrer seul les psychologues : il peut alors revenir au commissariat de police et discuter de sujets totalement différents avec les psychologues, comme le sida, la contraception, etc. Le cas inverse peut aussi se prosuire, à savoir que le jeune refuse, dans un premier temps, de nous rencontrer, alors que les parents sont en demande. Nous recevons donc ces derniers et nous envoyons un courrier au jeune, lui proposant de le rencontrer lors d’une prochaine séance. Il voit ainsi qu’il n’est pas « mis de côté » et que notre porte lui reste ouverte.
Au fil de cette collaboration avec les services de police s’est défini un canevas d’interventions précis. Il existe des interventions indirectes et des interventions directes.
• Les interventions indirectes avec la brigade des mineurs consistent en un travail d’échange et d’élaboration au sujet des familles non mobilisables ou inaccessibles.
• Les interventions directes auprès des familles : nous recevons régulièrement les familles demandeuses ou nous restons en contact téléphonique. Nous mettons alors en place un travail d’écoute, de soutien, de restauration du lien parents-enfant. Nous travaillons également l’orientation de ces familles vers des systèmes de soins adaptés à leurs besoins, si telle est leur demande, ou nous les accompagnons à la faire émerger si elle nous apparaît nécessaire au regard des difficultés rencontrées par cette famille.
Ce type d’intervention est possible grâce à une méthodologie précise. Une carte présentant nos services est donnée par la brigade des mineurs. Sur celle-ci figurent nos numéros de téléphones mobiles afin que les familles puissent nous joindre quand elles en ressentent le besoin, et selon leur possibilité (par exemple, les mères viennent au commissariat et les pères ont plutôt tendance à téléphoner le soir). Il est clair que nous rencontrons des troubles divers et variés dans tous les milieux sociaux.
Au début de l’expérience, nous avons vu passer beaucoup de familles, mais nous avions alors du mal à organiser nos réponses et à garder le contact. La mise à disposition de deux téléphones portables nous a donné une plus grande souplesse et nous avons pu maintenir les liens à distance avec les familles sur des durées plus longues qui vont d’un mois à six mois.
Nous avons vu également les problématiques changer : la brigade des mineurs a pu nous adresser des situations indécises et atypiques (incivilités, mises en danger d’enfants à l’école, etc.) qui, jusqu’à présent, n’auraient trouvé aucune aide spécifique : elles seraient restées « transparentes » tout en contenant de puissants germes destructeurs pour la famille. Ainsi, la finesse des indications de la part des policiers permet de réaliser une véritable prévention précoce et payante.
Nous avons aussi noté « l’explosion » des situations des familles dans le cadre d’une séparation (l’enfant qui devient l’enjeu d’un des parents, par exemple), mais aussi celle concernant la violence. Nous avons même été amenées à subdiviser cette violence (cf. Tableau des statistiques).
Avec le recul, le fait de recevoir les familles dans le contexte de la catastrophe permet d’installer d’emblée une relation de confiance avec elles : on peut aider les parents à se distancier émotionnellement du problème et à reprendre leur rôle, à exercer leur autorité parentale. Le fait d’expliciter l’enchaînement des événements et de les remettre en perspective permet de recadrer les différentes problématiques en jeu pour chacun et de contenir l’emballement de la violence intrafamiliale (répression de la part des parents et récidive de la part du jeune) au profit d’une réflexion sur la responsabilité individuelle, la nécessité des lois et règles, l’obligation de vivre en société, etc. La famille n’est pas un espace de non-droit, mais un lieu pour se construire dans la dignité.
C’est ainsi que s’est développée, dans ce commissariat, une réelle culture de la prévention précoce.
Cette expérience témoigne de notre volonté de ne pas laisser les secteurs les plus aigus et les plus difficiles sur le terrain aux seules mains de la police nationale. Il ne faut pas oublier que les professionnels de la police ne sont pas mandatés pour gérer « les urgences psychosociales », qu’ils n’ont ni le temps ni la disponibilité pour le faire, et que les laisser seuls pour assumer ces situations de risques majeurs, c’est les condamner à devenir les boucs émissaires de l’opinion publique. Cela nuit forcément à l’ensemble des fonctions d’autorité utiles au bon fonctionnement du monde social.
Exemple de fonctionnement au cours d’une journée
Voici quatre situations cliniques rencontrées au cours de l’une de nos journées de travail :
• Quatre jeunes garçons mineurs ont agressé des agents de police. La brigade ne donnera nos coordonnées qu’à trois parents (X, Y et Z).
• Le meneur de la bande (W) est âgé de seize ans. Il en est à sa cinquième garde à vue. Les autres concernaient des faits de violences (trois), un vol avec violence, une histoire de stupéfiants… Ce jeune ne nous sera pas adressé, car il a été immédiatement déféré au parquet.
• Le second mineur (X) est âgé de seize ans. Il a été mis en garde à vue pour violence entraînant dix jours d’incapacité totale de travail.
• Le troisième mineur (Y) est âgé de seize ans. Il a été mis en garde à vue pour violence entraînant dix jours d’incapacité totale de travail, insultes et violences sur agent de police avec en plus violences au centre commercial.
• Le quatrième mineur (Z) est âgé de seize ans. Il a été mis en garde à vue pour violence entraînant dix jours d’incapacité totale de travail, insultes et violences au centre commercial. Dans le groupe, il a été le seul à ne pas porter de coups.
Nous contactons Madame X : elle est au tribunal et n’a pas le temps se s’entretenir avec nous. Nous convenons de la contacter ultérieurement. Nous faisons de même pour Mesdames Y et Z, mais nous n’arrivons pas à les joindre. Aussi, nous leur laissons un message sur leur répondeur.
• La mère d’une jeune victime de quinze ans nous contacte afin d’annuler son rendez-vous avec nous ce même jour. Son fils irait mieux et tout serait rentré dans l’ordre selon ses dires. Le jeune homme a quand même été victime d’un vol avec violence et il a eu trois jours d’incapacité totale de travail.
• Nous essayons de contacter l’éducatrice d’assistance éducative en milieu ouvert (AEMO) auprès d’une jeune fille de quinze ans ayant fait une dizaine de fugues. C’est au cours d’un entretien que nous apprenons qu’une mesure éducative a été mise en place, c’est pourquoi nous entrons en contact avec ce service afin de lui expliquer notre position : nous avons pour principe de ne pas intervenir lorsqu’une AEMO a été mise en place afin de ne pas multiplier les prises en charge et interférer dans leur travail. En effet, nous nous sommes aperçues, à travers cette situation notamment, que les familles « jouaient » avec les institutions en faisant croire qu’un suivi était mis en place afin « d’échapper » à l’autre service.
• Nous recevons un appel téléphonique de la mère de cette jeune fille fugueuse âgée de quinze ans pour nous dire que sa fille était revenue de sa fugue depuis la veille au soir.
• Nous avons également un entretien téléphonique avec cette jeune fugueuse afin de lui signifier que nous sommes en contact avec son éducatrice d’AEMO et qu’en aucun cas les deux rencontres que nous avons pu avoir ne pouvaient être considérées comme un suivi psychologique régulier. Notre rôle n’est pas de faire de la thérapie au long cours, mais d’apporter un soutien aux familles lorsque d’autres institutions ne sont pas déjà engagées.
• Nous recevons en consultation Madame S., mère d’une autre fugueuse âgée de quinze ans : sa fille a fugué plus d’une trentaine de fois et cette mère semble complètement débordée. Le père de la jeune fille est décédé depuis de nombreuses années. Madame a beaucoup de mal à s’exprimer en français et nous fait comprendre que la protection judiciaire de la jeunesse a été missionnée pour la mise en place d’une mesure éducative qui a été levée sans raison apparente. Nous lui proposons de contacter nous-mêmes les services en question. Sachant que madame ne sait pas lire, nous lui avons demandé de nous apporter lors du prochain rendez-vous tous les papiers dont elle dispose afin que nous puissions l’aider.
• Nous échangeons avec la brigade des mineurs sur un jeune mineur de seize ans multirécidiviste (vols de portable, de voiture, trafic et consommation de stupéfiants, racket, recel…) qui a encore fugué. La brigade a un mandat d’arrêt le concernant, et la seule issue dans cette situation est la prison. Nous avons essayé de travailler avec le père, mais ce dernier a fait échouer nos tentatives. En effet, il nous a semblé qu’il cautionnait, dans une certaine mesure, les agissements de son fils, et la police à de forts soupçons sur d’éventuelles complicités en ce qui concerne les affaires de recel. Cette rencontre nous a fait connaître un jeune homme abandonné par sa mère à l’âge de deux mois, à la suite de mauvais traitements par le père, et qui a été placé à l’âge de neuf ans.
Le cœur du travail
Une fois informées des diverses situations, nous commençons par contacter les familles par téléphone et nous leur expliquons qui nous sommes, comment nous avons eu leurs coordonnées, ce que nous pouvons leur apporter (aide, soutien psychologique, adresses vers qui les orienter ou autres en fonction des situations) et que notre rencontre n’a aucun caractère obligatoire. Nous les informons également que nous ne faisons pas de suivis thérapeutiques, mais que nous sommes là uniquement pour les aider à passer un cap difficile. Toutes les familles nous rétorquent qu’elles ont déjà été mises au courant par l’officier de police qui leur a donné notre plaquette. Néanmoins, une reprise par nos soins est indispensable, et certaines familles souhaitent prendre un rendez-vous tout de suite, d’autres préfèrent que nous rappelions plus tard dans la soirée, etc.
Lorsque les familles sont d’accord pour que nous les rencontrions, très peu refusent de se rendre de nouveau au commissariat pour nous rencontrer. Dans le cas contraire, nous leur proposons de les recevoir sur notre autre lieu de consultation, à l’Espace Famille 92.
En plus de ce travail avec les familles, il convient d’ajouter tout un travail de réseau que nous avons à effectuer avec les différents partenaires :
• rencontres avec de nouvelles structures vers qui nous pourrions orienter des familles ;
• réunions et entretiens téléphoniques avec les différents professionnels qui suivent les familles que nous avons reçues afin de synthétiser le travail et de mieux nous coordonner…
Il y a également les moments indispensables de réunions entre les deux psychologues travaillant au commissariat afin qu’elles s’informent et se coordonnent sur les nouvelles familles, les nouveaux rendez-vous pris en commun ou en l’absence de l’autre… Et il est primordial également de ne pas oublier nos moments de supervision où nous pouvons aborder les difficultés rencontrées avec les familles et élaborer la meilleure stratégie d’aide que nous pourrions leur apporter.
Pour conclure
Il nous paraît primordial d’insister sur le rôle de la brigade des mineurs dans le projet Ismène. Notre présence dans les locaux du commissariat de police a amené de part et d’autre des réajustements dans nos modes d’intervention et de compréhension des situations. Son travail et la qualité de son accueil, malgré ses réticences initiales (et réciproques !) ont permis la mise en place de l’Action Ismène, mais surtout sa viabilité et sa pérennité. Notre première année de coopération a beaucoup concerné la mise au point entre nos déontologies spécifiques.
En ce qui concerne le développement de notre travail à proprement parlé, nous sommes passées de l’accueil d’urgence des familles à une stratégie de la prise en charge de la crise familiale.
L’année dernière, Ismène a connu un véritable virage qui l’a institutionnalisé. Les divers éléments qui nous amènent à un tel constat se répartissent en trois points distincts : les chiffres en augmentation, une dynamique de travail mise au point collectivement et l’apparition de « nouvelles formes » de troubles psychologiques qui, dans leurs caractères inhabituels, seraient restées en dehors de notre action comme « transparentes », cliniquement et socialement. De plus, cette action a également permis de donner des suites cohérentes à ces nombreuses mains courantes déposées par les familles et si souvent classées (cf. tableau des statistiques de l’Action Ismène).
Bibliographie Fournier A., Monroy M., Kervern G.-Y., Guitton C., 1996, Le Risque psychologique majeur, Paris, ESKA. |