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Qui n’a plus de nom disparaît, qui n’a plus de temps meurt…
La Protection judiciaire de la jeunesse (PJJ), institution en charge d’accompagner les adolescents « en danger de délinquance », ressemble de plus en plus à un bateau qui prend l’eau 1. Soumise, parmi les premiers services publics, à la révision générale des politiques publiques (RGPP), vaste entreprise néolibérale de restriction des dépenses sociales et de mise en grilles de l’humain en souffrance, la PJJ connaît un virage répressif inédit. Ainsi renoue-t-elle, suivant des modalités certes différentes, avec une vision déterministe de la délinquance des mineurs telle que le XIXe siècle et l’entre-deux guerres l’avaient connue. La PJJ sans boussole ne sait plus si elle protège ou si elle réexpose à un destin assuré de « fauteurs de trouble » ceux dont elle s’occupe, dans une société où jeunesse rime fréquemment avec dangerosité.
L’histoire de la moitié des familles prises en charge par le service ministériel de protection judiciaire de la jeunesse est marquée par l’émigration. À l’adolescence, période où le jeune, en proie à la question du « Qui suis-je ? », réinterroge les liens de filiation, l’épreuve de l’exil ravive la question des origines et des liens à l’autre, fondements mêmes du sentiment d’existence et de légitimité.
La tendance est d’inscrire le travail de la police dans la répression et le maintien de l’ordre. En intervenant au sein du commissariat de police, le projet Ismène privilégie la prévention de la recrudescence de la violence et de la souffrance des familles. Peut-on aller encore plus loin et imaginer des dispositifs où policiers, psychologues et familles pourraient se rencontrer et donner du sens à ces phénomènes qui les poussent à travailler ensemble ?