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C’est déjà la saison 4 du Bureau des légendes. Cette série réaliste sur l’espionnage français est palpitante, tant dans ses creux que dans ses moments de haute tension. Contrairement à Homeland ou d’autres séries du genre, l’action et ses effets grandiloquents ne sont pas au centre de cette série qui multiplie les fronts, les chausse-trappes et autres manipulations. L’excitation de faire partie de la DGSI, dans le lieu de culte du secret, laisse vite la place à une tonalité plus dépressive, plus paranoïde, où la méfiance et les coups tordus pleuvent ; fini les envolées lyriques dans des mondes fortunés où, au hasard, de belles femmes croisent notre héros, terminé les conclusions en happy end : James Bond is dead ! Parmi le faisceau d’éléments troubles qui circulent, notons que la question identitaire est essentielle, autour du personnage central, nommé « Malotru (1) », incarné par Matthieu Kassowitz : qui est-il, que veut-il, où va-t-il ? Avec lui, construire sa légende, cette fable apprise et incarnée jusqu’au bout par ceux qui sont sur le terrain pour tromper l’adversaire, n’est pas un vain mot. Incandescent et humain, déterminé et silencieux, ses partenaires de la DGSI sont fascinés par ce héros de l’ombre.
Bergman avait beaucoup aimé, semble-t-il, L’Adversaire, le récit qu’Emmanuel Carrère avait consacré au périple étonnant et inquiétant de Jean-Claude Romand, cet homme qui s’était inventé une vie en faisant croire à sa famille et à son entourage qu’il était un médecin travaillant à l’OMS, spécialisé dans les maladies infectieuses (difficile d’imaginer tous ces matins où, pendant plus de quinze ans, il sortait de chez lui, après avoir embrassé sa femme et ses enfants, pour aller à un travail qui n’existait pas, qui était en fait un bar obscur, et, lui, assis, désœuvré).