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Tout enfant grandit au milieu des secrets, tout simplement parce qu'il est confronté à des mots, des mimiques et des attitudes d'adultes dont il ne comprend pas le sens. Bientôt, il questionne et parfois on lui répond. D'autres fois, on lui sourit en lui disant qu'il le saura quand il sera plus grand. C'est notamment le cas lorsque sa curiosité implique la sexualité. Mais d'autres fois encore, ses questions suscitent chez ses parents des réactions de colère, de tristesse ou de gêne incompréhensible. Ce sont ces réactions que Serge Tisseron nomme « les suintements du secret ». Ils mettent l'enfant sur la voie de penser qu'on lui cache quelque chose de grave, l'invitent à le deviner tout en lui interdisant tacitement d'y parvenir car cela serait trop douloureux pour l'adulte. De cette injonction contradictoire naissent des troubles dans sa construction psychique : le traumatisme vécu et tenu caché par la première génération « ricoche » sur la deuxième, parfois sur la troisième encore.
Si la question des origines occupe une place centrale dans la structuration de l’individuation et du sentiment d’appartenance, le « récit des origines » devient quant à lui de plus en plus difficile à retracer et transmettre. Le développement de techniques d’aide médicale à la procréation, la complexification des formes familiales ou encore la remise en cause de l’identité sexuelle nous renvoient à cette question fondamentale à l’œuvre et au cœur de ces nouveaux liens de parenté.
Depuis quelques décennies, en France et en Europe, le modèle familial traditionnel fondé sur un couple composé d’une femme et d’un homme unis par les liens du mariage, et ayant des enfants communs, n’est certes pas contesté, mais ne constitue plus dans les faits le seul mode d’organisation de la vie familiale. Dans un contexte de mutation des modèles, la place faite aux grands-parents, beaux-parents, aux concubins homosexuels est donc en train de se redéfinir. Mais quelle en est l’évolution législative ?
Qu’est-ce qu’un parent aujourd’hui ? Si le cadre juridique permet aux adultes et enfants de se définir comme « père et mère de » et « fils et filles de », la qualité des liens ne peut se déduire de la simple filiation biologique ; la filiation psychique est à prendre en compte. Aussi, la clinique de la parentalité questionne la nature même de la filiation et place « l’intérêt de l’enfant » au centre des débats.
La famille évolue, se diversifie dans ses formes et, de fait, l’intervention sociale en direction de la famille évolue également. Mais dans quel sens et selon quels mouvements ? Bien sûr en essayant de s’adapter à la complexification des problématiques, mais ce n’est pas si simple et les motivations et choix d’orientation peuvent être ambivalents, voire diamétralement opposés. Aujourd’hui, quel visage prend l’intervention sociale et légale et quels en sont les objectifs ?
La famille est en mutation, et l’évolution des sciences qui permet aujourd’hui de concevoir un enfant hors relations de couple y est certes pour beaucoup. Mais les structures familiales changent également, les familles se recomposent, la parentalité évolue faisant place à des tiers, beaux-parents, parent de même sexe, etc.
La double appartenance culturelle, à la fois atout et handicap, influence la façon d’être du sujet et ses rapports avec autrui. En ce sens, l’approche systémique propose des outils qui peuvent être utiles à la compréhension des logiques relationnelles en situation d’exil : le génogramme, qui favorise le récit de cette vie marquée par la migration, aux prises avec les questions de transmission, ou encore la mise à jour d’un mythe familial, l’âme de la famille, qui perdure malgré l’éloignement.
Le centre d’accueil et d’orientation pour mineurs isolés demandeurs d’asile (CAOMIDA) accompagne cette population, notamment dans toutes les étapes de sa démarche. Face à la souffrance inhérente à cette procédure juridique, contraignant la personne à revivre un vécu le plus souvent douloureux, le suivi psychologique, le soutien et l’orientation psychothérapeutique s’avèrent, dans ce cadre, ô combien essentiels.
L’histoire de la moitié des familles prises en charge par le service ministériel de protection judiciaire de la jeunesse est marquée par l’émigration. À l’adolescence, période où le jeune, en proie à la question du « Qui suis-je ? », réinterroge les liens de filiation, l’épreuve de l’exil ravive la question des origines et des liens à l’autre, fondements mêmes du sentiment d’existence et de légitimité.
Souvent, les enfants de migrants ressentent le besoin d’un « retour au pays », qui peut s’exprimer par le désir de fouler la terre des ancêtres ou bien l’apprentissage de la langue parentale. Les rapports de ces enfants à cette langue permettent d’appréhender les mouvements de prise et de déprise filiative et affiliative, mais aussi d’évaluer la construction d’un sentiment identitaire et d’une identité familiale.